mardi 27 janvier 2009

Sérénissime, ma non troppo.


Comme prévu, l'exercice est difficile. Je mets une pincée de Maupassant, un rien de Goethe, un soupçon des Goncourt, sur une grande portion de Casanova. Je porte à ébullition en écumant ce Morand qui fait gerber, relève d'un nuage roux et voluptueux de Titien. Les épaules blanches de Venise triomphante se dissimulent dans les replis d'un châle Fortuny et James Whistler arpente campielli et back alleys pour trouver la Venezia Minore, celle des Vénitiens. J'ai parcouru aussi Castello et Canareggio, S. Polo et S. Croce, Dorsoduro, sans pastel ni aquarelle dans mes poches mais avec des guides et des plans. Je me suis perdue dans les reflets des palazzi, brouillés par la pluie, confisqués par la brume. J'ai marché sans fin d'une rive à l'autre, d'un canal à un rio, me cognant au vide de ce labyrinthe dont les culs-de-sac se terminent dans l'eau verte. J'ai emprunté des venelles à peine plus larges que ma carrure et découvert des jardins échevelés derrière des murs à demi-écroulés. Mais maintenant, je suis devant mon bureau où s'empilent livres d'art et guides, je passe de Sargent à Turner, de Tiepolo à Duveneck, de Corto Maltese à Rilke, avec un éclectisme qui montre bien l'ampleur de mon désarroi, non pas devant la supposée "page blanche" mais devant l'overdose annoncée !

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