mardi 28 avril 2009

Coquillages et crustacés


Petit coucou de Moorea, l'île jumelle de Tahiti, où j'achève un reportage qui m'a appris, entre autres, que j'avais le sang sucré. En clair, cela veut dire que je suis couverte de piqures de moustiques des orteils aux cheveux, sans compter quelques morsures de nonos, bestiole antipathique dont j'avais déjà croisé les mandibules à Sainte-Marie, près de Madagascar. Ce qui est bien, c'est que l'image tartouille d'île paradisiaque pour honeymooners friqués exaspère les Polynésiens autant que moi. Et ils ont bien raison car il y a beaucoup plus à dire sur eux que ces histoires mièvres de vahinés et de colliers de fleurs, d hôtels de luxe et de plage. J'y reviendrai ! Détail amusant à propos des honeymooners : les couples Japonais qui viennent se marier ici, comme ils le font aussi en Nouvelle Calédonie, ne couchent jamais dans le même lit ! Ils leur faut toujours des lits jumeaux et les hôtels Sheraton qui n'en ont pas ont beaucoup de mal. D'ailleurs, s'il n'y a pas de twin, la jeune mariée couche sur le canapé... C'est beau l'amour !

lundi 13 avril 2009

L'année prochaine à Malacca

Il parait que le skipper du Tanit était un idéaliste qui aimait la mer, l'Afrique et la paix... Ce sont les paroles de son père et, en ce sens, je les comprends tout à fait, mais qu'y-a-t-il d'idéaliste à partir avec femme et enfant de trois ans dans une des eaux les plus dangereuses du monde ? Qu'y-a-t-il d'idéaliste à braver les avis des spécialistes ? A croire que les pirates (les avalanches, le ralentissement des réflexes au volant post-biture, la varape sur les flancs d'un volcan en éruption et la descente des chutes d'Iguazu en baignoire de fonte..) c'est toujours pour les autres ? Et si j'ai envie, moi, d'aller faire du trekking dans les zones tribales d'Afghanistan ? Et si mon romantisme me pousse à emmener ma petite famille en camping chez les Pachtounes ? Et puis j'aime la paix, d'ailleurs je l'ai écrit sur mon tee-shirt, la voile de mon bateau et les couches de mon bébé. La prochaine fois, aaah non ! il n'y aura plus de prochaine fois pour notre jeune informaticien de Vannes... Dommage pour le gamin qui va devoir grandir sous la photo de son héros de père qui "est allé jusqu'au bout de son rêve" comme l'écrit finement le JDD. Il aurait peut-être préféré un papa à la Dirty Harry célèbre pour cette maxime: "Le vrai sage est celui qui connait ses limites, lieutenant!" Aaaah Clint !

samedi 11 avril 2009

Joyeuses Pâques !


Tentation ce matin de continuer dans la veine "Mycoses et salmonelles, récit d'une intégration réussie au bureau". Ou bien " Liberté et indépendance d'esprit en milieu journalistique : où aller si on ne ressemble pas à une golden calibrée ?" Mais aujourd'hui, c'est Samedi Saint et je préfère penser à Pâques, au soleil, au jaune éclatant des jonquilles et des palmes des Rameaux en Espagne, avec le sable des plages où l'on risque un premier orteil. Noël est un ravissement à l'avance, dans ses préparatifs, l'envie de trouver les cadeaux qui vont plaire, les décorations et avec un peu de chance, la neige. Pâques n'est pas dans l'anticipation, c'est le sacre du printemps, l'arrivée des beaux jours, la nature qui exulte, la nécessité de faire, de s'accomplir après des mois de latence. Finies les bonnes résolutions, aujourd'hui, on y va ! Ce rendez-vous que l'on envisageait vaguement, on le prend. Cette décision de se débarrasser de ce qui nous encombre, matériellement et/ou psychologiquement, on la prend aussi. La lourdeur hivernale nous lâche enfin.

"Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
« Le temps a laissé son manteau!
De vent, de froidure et de pluie, »
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
Chacun s'habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau."

Charles d'Orléans
(1394/1465)

vendredi 10 avril 2009

Savoir Vivre au bureau

Et si mon expérience de "journaliste blanchie sous le harnois" servait enfin ? Si je délivrais quelques unes de ces découvertes cruciales faites au fil de mes séjours dans des rédactions d'ici ou là ? La dernière est toute récente, c'est ce qui a fait dire à une amie que je ne comprends rien et, surtout, que j'oublie tout. Elevée dans une sorte de style (staïle of course) Never explain , never complain, j'ai toujours évité de mêler professionnel et personnel. Donc globalement je ne parle de moi que pour dire que tout va bien. "Mieux ce serait trop" est ma réponse classique à la question "ça va ?". Erreur ! Erreur totale ! La règle d'or dans un bureau, de femmes peut-être, est de complain et d'explain, sans retenue. Sinon, c'est de l'arrogance. Je pense donc à écrire un manuel des vraies bonnes manières au travail, pas ces conneries qui me font être regardée de travers. Il est essentiel de se plaindre de son travail (trop dur, trop mal payé), de son mec (ou de son manque de...), de ses enfants (toujours tellement décevants ou totalement superflus), de ses finances (aaah mon découvert et mon banquier, un vrai salaud celui-là). Sans oublier sa santé, du bonheur et de la convivialité à l'état pur : ma pharyngite, mes antibios, l'incompréhension du médecin devant ce phénomène inédit de mal de gorge en hiver, ma ceinture du Dr Gibaud et mon bobo au bout du doigt (bisou sur le bobo ?). Mélanger le tout à feu doux à ma peur de la descente d'organes, la couleur de mes expectorations et à mon ongle incarné et vous avez la clef de ce qui fait que les "collègues" (j'adore ce mot) vous co-optent. Récemment, dans un de ces moments de concorde et de douceur dont je m'exclus par mon attitude indescriptible (c'est-à-dire que je ne sais pas décrire, je ne me vois pas, girls !), j'ai eu droit à une description imagée et évocatrice de coloscopie. Vous savez le truc dont on ne parle même pas à sa mère ? Je sais tout sur la coloscopie d'une de mes voisines de dortoir et j'aime ça. Bon, là, comme je suis une petite délicate, je vais vous épargner le "lavement par l'intérieur" (je pense qu'elle voulait dire par le haut) grâce à cette boisson très salée qui fait "comme un siphon"... Je sens votre impatience à avoir plus de détails et j'essaierai de vous satisfaire mais cela prend beaucoup de temps et d'énergie de relater un récit de 15 à 20 mn denses sur un sujet aussi passionnant !

jeudi 9 avril 2009

Aimez-vous Fromm ?

Un jour, je suis tombée sur cette information extraordinaire : dans les couvents, les religieuses finissent par toute calquer leur cycle sur celui de la Mère Sup. Je schématise sans doute mais l'idée, c'est ça : elles ont toutes leurs règles en même temps que la "chef de meute". Et mon expérience m'amène à penser qu'il se passe la même chose dans certains environnements professionnels très fermés où existe une forte hiérarchie. Pas obligatoirement forte dans les textes mais une vraie domination psychologique basée sur la peur. Et là aussi, pas la peur de se prendre un coup de hache dans le crâne, juste la peur d'exister, de respirer, de penser seul. J'en reviens à l'une de mes obsessions favorites : Erich Fromm dont la lecture me rappelle toujours que la liberté, c'est comme la peinture à l'huile, c'est plus difficile mais tellement plus beau ! Un jour, un psychanalyste, le mien en fait, m'a dit de lire Escape from Freedom, livre épuisé, impossible à localiser dans les librairies de neuf et d'occasion. Je l'ai cherché partout, sans succès, des années. Et, un autre jour, un jeune homme m'a conseillé d'aller sur Amazon où je l'ai trouvé en anglais. Merci à lui. J'ai finalement vu pourquoi mon psy, mort depuis longtemps, pensait que cet ouvrage était pour moi et pourquoi je pleurerais beaucoup toute ma vie. De rage sans doute mais surtout d'incompréhension. C'est comme un message qu'il continue à me transmettre et cet accompagnement discret me rappelle l'intelligence et l'humanité de cet homme rare à qui j'aurais tellement aimé téléphoner hier soir. Give me Jack on the line, sur l'air du spiritual, Operator, Give me Jesus on the line !

dimanche 5 avril 2009

Tigre d'appartement


Qu'est-ce que vous dites de cet athlète ? Trois jours à patouiller cette fourrure, à l'écouter ronronner, à le voir mener sa vie, impavide... Bravo Oscar ! Il est temps que je renoue avec le chat en moi. A part ça, la Bretagne en début avril, c'est plus près du pôle nord que je ne le croyais. Partie avec trois débardeurs, un short et une jupette en coton, j'avais cru la météo qui prévoyait 18° l'après-midi et, comme je n'ai pas les poils de ce glorieux maine coon, j'ai redécouvert avec un rien d'incrédulité des sensations oubliées comme les orteils en bois et la moelle des os cristallisée, le lit-banquise et le vent coulis qui se faufile sous les couvertures entre les omoplates. Dommage qu'Oscar n'ait pas été du genre à se glisser dans mon lit...Viiite un chat pour la chaleur, les câlins, la beauté !