mercredi 31 décembre 2008

Pour une seconde de rire en plus


Aïe, qu'écrire de fort et de définitif un 31 décembre ? Comment rendre compte de ce passage de Blog An 1 à Blog An 2, tout en profitant de ce bégaiement d'une seconde à 11h 59 mn 59 sec ? Sans oublier les cotillons, les serpentins et les confettis ? Les langues de belle-mère, les petites trompettes en plastique jaune et, merci pour ce pur moment de poésie, les boites à "HEIN ?" Vous savez, l'équivalent ch'ti de la boite à "MEUH ?". Je demandais hier à une consœur du Nord ce qu'elle pensait de ce folklore qui avait secoué de rire a France entière. Pas morte de rire (mdr pour les accros du sms) la consœur, mais pas du tout. Réduire sa région à une baraque à frites et à des tartines de maroille dans la chicorée aurait même tendance à lui sembler réducteur. Ah bon ? Marseille ce n'est pas que Fernandel ? La Normandie, Bourvil et la France, le trio indissociable béret-baguette-gros-qui-tache ? Donc on va essayer d'éviter les caricatures simplistes en 2009. Déjà, le discours "les Ricains, c'est rien que des gros fachos et c'est pas nous qu'on aurait peur de voter pour un Noir" a pris un petit coup avec l'élection de Barack Obama, on va éviter aussi "les Allemands c'est rien que des...." , "les Ritals, des..." etc. On va essayer de garder les yeux et l'esprit ouverts. C'est mieux pour se laisser surprendre, ce qui reste le meilleur de tout voyage. La rencontre inattendue. Le rire partagé comme à cette extraordinaire séance de photos dans le Séchuan : une troupe de vieilles Chinoises (mdr !), qui venaient de grimper au sommet de l'Emei-shan. Avec leurs cheveux coupés court et leur pyjama bleu, on aurait dit de drôles de petits garçons ridés, enchantées de parvenir enfin au but de leur pélerinage qu'elles avaient entrepris depuis des semaines. Ma taille les fit tellement rire qu'elles voulurent poser avec moi. Mon photographe proposa avec galanterie que je m'asseye sur une rambarde pour que ma tête soit à la même hauteur que les leurs, mais elles refusèrent avec véhémence, pour le plaisir de se blottir contre moi comme des petites filles, en pouffant. Et comme je riais aussi, elles en profitèrent pour demander à voir mon cahier de notes car, si nous sommes fascinés par leurs idéogrammes, les Chinois trouvent notre écriture de toute beauté. L'une finit par écrire sur une page avec mon stylo qu'elle m'invitait à venir passer des vacances dans son village natal. C'est notre guide-interprète, Li dit Nicolas, qui me fit la traduction et je l'en remerciai dans mon meilleur mandarin ce qui déchaîna une nouvelle salve de rires. Par la suite, Li m'expliqua gentiment qu'au lieu de dire "merci" j'avais plus ou moins articulé quelque chose comme "tarte au potiron".

vendredi 26 décembre 2008

Attention : joyeux Noël !


Peut-être vais-je utiliser ce tableau pour signaler les vrais moments de bonheur. J'en aime la lumière et la douceur. La main qui l'a créé aussi, bien sûr. Rien de trop vif, juste des roses jaunes qui ont fait le plein de soleil en fin de journée. Ce soleil qui réchauffe les couleurs et adoucie les ombres. Avant-hier, je répandais une brassée d'œillets d'Inde sur ce blog pour ce jaune d'or qui efface la mélancolie et hier, je recevais cette toile... Je n'en ai pas encore choisi la place mais, pour l'instant, elle trône dans ma bibliothèque et me réchauffe. Cliquez dessus, vous comprendrez !

mercredi 24 décembre 2008

Noël


Pas facile Noël ! Pas facile la joie de se retrouver en famille, pas immédiate en tous cas. On a tous des souvenirs de Noëls terribles. Ce matin, une amie, qui signe Chabada Bada quand elle zone sur ce blog, me conseillait la bûche farcie au Valium, après la dinde farcie aux marrons. C'est juste histoire de faire un mot mais quand même... Cette année donc, je vais me concentrer sur tous ceux qui me font chaud au cœur. Dans le désordre, ma famille, mes ami(e)s, ces photographes avec qui je pars en reportage, avec qui je partage des fous-rires, des épuisements, des rencontres, François avec qui je n'arrive pas à travailler, mais nous n'avons pas dit notre dernier mot, Patrick avec qui je bois des seabreezes et des mojitos dans cet hémisphère ou l'autre, Jean-Michel qui m'a accompagnée en Inde et laisse des petits mots comme des cailloux blancs dans mon répondeur, mais aussi Pierre-Marie, l'architecte d'intérieur surmené avec je finirai bien par écrire un livre, Sylvie, Annik et toutes les autres, celles qui ne sont jamais loin de mon portable ou de mes mails. Je pourrais mettre une photo de cette vaillante troupe mais je vais plutôt exprimer ma gratitude à l'indienne, avec ces fleurs couleur de soleil illuminant la cour d'une forteresse à Maheshwar. Cliquez sur la photo, c'est magnifique. Merci. Dhanyavad.

samedi 20 décembre 2008

T'as voulu voir Gisors...


...ou l'aventure est au coin du Vexin ! Balade tout à fait exotique et charmante dans les environs de Paris pour dénicher des chambres d'hôtes de charme. J'adore cette dénomination "de charme" qui veut dire que cela doit ressembler à un reportage dans un magazine de déco : bois lavé, flotté, béton ciré, mur chaulé, Louis XVI tendance gustavienne, un petit bouquet de fleurs pâles aux pétales abondants et chiffonnés, genre rose ancienne, un boutis peut-être. Des bottes de caoutchouc et un vieux chapeau achèveront la touche romantico-Côté-Ouest. On ira même jusqu'au haveneau si on est au bord de la mer, la vraie, pas la Méditerranée. Bref, départ pour, en vrac, Dreux, Chartres, Nogent-le-Rotrou, Chateaudun, Alençon et découverte d'endroits où l'on s'imagine sans peine passer un week-end, à deux, ou avec des enfants. En vedette, le Perche, un enchantement tant cette région est sauvegardée, protégée de ces verrues de béton que sont les petits lotissements minables sortis tout droit d'une boite de Playmobil. Ou de l'imagination à marée basse d'urbanistes plus affairistes que talentueux. Ici la campagne n'est pas mitée, les prés suivent collines et vallons jusqu'à des villages exquis aux toîts de tuiles anciennes. Il y a des troupeaux à l'ombre des arbres et au creux des haies, des chevaux, percherons ou pas, des églises qui carillonnent et des vrais marchés. Et encore, j'y étais au pire moment de l'année, fin décembre, quand les arbres sont nus et les seules fleurs, des achillées desséchées. Donc bonheur, dans le pré bien sûr, et retour programmé après trois jours de balade, à partir de Gisors. un petit Gisors-Paris-St-Lazare, gare presque fictive qui ne dessert plus que la banlieue. Banlieue, c'est ça, j'étais à des années-lumière de la foule du boulevard Haussmann avant Noël mais ce n'était finalement que la banlieue, magique non ? Sauf que tous les trains pour Paris étaient supprimés. Mouvement social pour cause de "cadencement" et "merci de votre compréhension". Ma compréhension ? Mais certainement pas ! Je veux rentrer. C'est où Paris ? Il est 5h, la nuit est déjà tombée et une petite bruine glace Gisors et les guirlandes tremblotantes sur la place de la gare. Non je ne veux pas dormir à l'hôtel Moderne en attendant la fin de la grève. Je déteste les grévistes et Gisors dont je ne connaitrai que la panneau d'affichage des trains supprimés. Soixante euros de taxi plus tard, je parvenais à Cergy-Pontoise où beaucoup de RER de la ligne A étaient supprimés aussi, pour une raison inconnue, mais "merci de votre compréhension". Course après le distributeur de billets en état de marche sur un parvis balayé par les vents et les voitures de police, bagarre pour ne pas être écrasée moi et ma valise à partir de Nanterre-Préfecture mais finalement Paris au bout du tunnel. En tout rien de grave, surtout une fois, par hasard, en passant par le Vexin, mais un spleen intolérable devenant un vrai enfer au quotidien : "Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris..."

vendredi 12 décembre 2008

Lost in Translation (2)


Je me souviens d'un soir de janvier, à St Pétersbourg, au Grrrrand Hotel Eurrrope Kempinski. Il faisait un froid de loup et mon photographe n'était pas encore arrivé de Moscou. La perspective de dîner seule dans une immense salle à manger où une harpiste en robe longue assurait l'ambiance pour une foule de semi-alcooliques, m'avait poussée à choisir le restaurant italien. Légèreté, soleil, bonne humeur et pâtes, quel bonheur ! Au bout du fond du rez-de-chaussée, je trouvais une autre immense salle à manger, mais rouge celle-là, avec un décor de grappes de raisin de plastique enroulées à des treilles assorties. Là, pas de foule. Ce n'était pas le genre vodka-caviar à volonté et je fus escortée par le maître d'hôtel à une table en plein milieu, d'où il apparaissait clairement que j'étais seule à aimer les pâtes. Complètement défaite, je passai mon repas à me débattre avec des spaghetti bolognese trop cuits, le nez dans mon assiette pour ne pas croiser le regard du musicien, un gros Russe congestionné, déguisé en gondolier qui "exécutait" O Sole Mio à la balalaika à un mètre de moi.

Le Japon, île majuscule


Hier soir, Lost in Translation sur Arte que je n’avais pas vu. Cela m’a rappelé tout ce que j’ai trouvé d’ingrat au Japon, cette impression asphyxiante d’être redevenu un tout petit enfant qui ne sait rien faire tout seul. Qui n’a plus aucune prise sur le monde qui l’entoure. Comme un nourrisson qui attend tout de sa mère. Je ne sais pas si j’ai jamais aimé ce sentiment d’impuissance absolue mais à l’âge adulte, c’est insupportable. Et pourtant, je ne suis pas allée à Tokyo, dans cet univers inhumain que nous montre Sofia Coppola avec un rien de malice. J’étais à Kyoto, le rêve de tout voyageur. Kyoto au printemps, à l’époque bénie des sakura, quand les Japonais s’enivrent de la beauté des fleurs de cerisiers, quand ils revêtent leurs plus beaux habits pour les mériter, quand ils se prennent en photos sous les branches des espèces pleureuses comme ils l’ont fait au millimètre près l’année précédente, et celles d’avant encore. Entre cet exercice de poésie pure où toute une nation se retrouve pour fêter les fragiles corolles blanches et roses, et la vulgarité des pachinko où les mêmes viennent jouer aux machines à sous dans des hangars de tôle ondulée, le visiteur a un peu de mal à comprendre. D’un côté, on cherche sur internet le degré d’éclosion des fleurs le long du canal de Takasegawa, ou au temple de Kyomizu, de l’autre on s’abîme dans un tête à tête exorbité avec un bandit manchot qui lâche des pétarades et des flashes lumineux à rendre cinglé Lao Tseu lui-même ! Des gamines sans âge aux jambes blêmes s’habillent comme des poupées Corolle géantes pour mieux dealer leurs petites culottes. Les garçons s’inventent un look de rockeur à coup de gel. "Téléphone maison ", comme suppliait E.T. Une image du film résume bien l’esprit des voyages et la détresse qui submerge parfois : Bill Murray assis au bord de son lit d’hôtel, le regard perdu, comme ce tableau de Hopper où une jeune femme est assise sur son lit ouvert, quelque part, à New-York sans doute.

jeudi 4 décembre 2008

Shame and Scandal





in the family ! Vous connaissez le refrain de l’adaptation en français par Sacha Distel : « Ton père n’est pas ton père mais ton père ne l’sait pas ». On voit que c’était 1) à Trinidad 2) dans les années 60, parce qu’aujourd’hui ce n’est ni une honte, ni un scandale. C’est même parfaitement normal. La preuve ? Les livres pour enfants avec des vrais sujets de société pour qu’ils apprennent tout de suite les règles du jeu. Chouette, mes parents divorcent ! Youpee, Papa est homosexuel ! Génial, Maman est zoophile ! Super, Mamy se pique ! Le tout est de ne pas être « normatif ». Oui, c’est vrai, Papy a un petit commerce de shit dans les caves de l’immeuble, so what ? Dehors, il fait froid, ce n’est pas la peine de risquer des engelures. Le dernier sujet brûlant à dédramatiser très vite était dans ELLE : Ma Maman, c’est mon papa, et j’ai grandi dans son ventre. Oui il ressemble à Régis Laspallès avec un collier de barbe de professeur des écoles (non, pas un instit, justement pas ), oui, il a des cicatrices sous le seins parce qu’il a fallu les lui enlever, oui, il a le même gros ventre que Demi Moore photographiée par Annie Leibowitz… Maman ? je ne sais plus à quoi elle ressemble : Laspallès enceint m’a un peu grillé les neurones. A Bigard peut-être, ou à la Schtroumpfette, je n’en ai aucune idée. Toujours est-il que cela fera un beau sujet de livre pour enfants, avec, non pas de jolies illustrations, mais des collages impactants. Les jolies illustrations qui faisaient rêver, c'est nul. Niais. Mièvre. Les enfants aiment bien ? C'est nul. Il est joli le monde ? Non, bon alors. Donnons leur tout de suite les outils nécessaires à une vie in the moule pas gai. Gai ? Quoi "gai" ? C'est une allusion à l'homoparentalité ? Attention, prudence, Act Up et la Halde sont tapis dans l'espace et le cyber- pour éviter toute humiliation aux caniches homosexuels et aux pinsons de couleur. Big Brother n'est pas ce qu'Orwell croyait. Enfin, pas seulement. Au risque d'un exécution sur Facebook (non, je n'y suis pas), je vous laisse ces illustrations de Kay Nielsen : histoire de rêver tant que l'on n'a pas de puce implantée dans le cerveau pour nous en empêcher.

jeudi 27 novembre 2008

Squelette ou hexosquelette ?

Télescopage étrange : en sortant, je croise un être pathétique, une jeune femme peut-être ou une vieille dame ou un têtard, quelque chose qui a des pattes grosses comme mon poignet, des articulations qui, par contraste, semblent gonflées, un corps inexistant, le tout surmonté d'une bizarre tête sous un bonnet de laine jaune pour affronter la Sibérie en janvier, des yeux cachés sous des lunettes de soleil immenses et deux gros trous de nez. Elle avance par à-coups sur le boulevard, comme une argyronète sur une mare, en lévitation ou presque tant ses jambes sans la moindre chair autour de l'os, ont l'air fragile dans ses collants noirs. Et ce soir, on m'appelle pour me donner l'adresse d'un cabinet d'esthétique qui, à prix d'or, s'occupe de fusiller les capitons...

jeudi 20 novembre 2008

"Rogntudju" comme disait Franquin


Lorsque j'étais à Londres, je suis tombée sur ce T-shirt qui, je pense, va me servir beaucoup. Non, pas le T-shirt lui-même, mais sa photo. Ce sera l'avertissement au blogger du genre "attention, je grogne, je grommelle, je râle, je bougonne, je m'insurge, je m'indigne, je proteste... et tant pis si cela fait vieille conne, j'assume!" Tout ça parce que je reviens des journées Européennes du Développement à Strasbourg et que ce que j'y ai vu m'a affligée. Non pas Strasbourg que j'adore mais les sus-évoquées JED. Entre fêtes de patronage et tu-as-vu-comment-je-le-sauve-le-monde-moi-? avec quelques huiles ravies de se voir si belles dans les yeux des pauvres reconnaissants et des zillions de fonctionnaires venus se goberger au frais du développement. On avait coupé des arbres par centaines pour éditer des prospectus en papier glacé, des livres de photos somptueux (italiens bien sûr, sur le Darfur) et des dossiers où chacun se fait mousser. Le kérosène et le champagne coulaient à flôts, on hésitait entre les huîtres et les Saint-Jacques, le capuccino de truffe et le gazpacho de potimarron, Mon Dieu que la misère était belle ! J'ai voulu voir ce qu'il y avait en matière de commerce équitable et de tourisme responsable, ou éthique, ou l'inverse. Là, loin de l'orgueilleux palais des Congrès, en pleine terra incognita alsacienne où les fonctionnaires ne s'aventuraient pas, j'ai trouvé quelques comptoirs de bidules bricolés, genre petit-gilet-pour-descendre-la poubelle du Père Noël est une ordure. Pourquoi faut-il que les bonnes actions soient moches ? Pourquoi ces vêtements orange, marron et caca d'oie ? Pourquoi cet artisanat de merde sous prétexte que l'on va aider les femmes ouzbek ? Faut-il vraiment faire pitié pour mériter que l'on se penche sur votre misère ? Il y a des artisanats merveilleux partout, j'en vois à chaque voyage et je craque, non pas pour me sentir aussi bonne qu'une dame d'œuvre à l'ancienne, mais parce que c'est beau, que j'adore les bijoux perlés d'Afrique du sud, les parures touareg, les vestes tibétaines, les tuniques brodées indiennes... Pas vous ?

jeudi 13 novembre 2008

Du pain et des jeux

La ville de Londres regrette de s'être battue férocement pour organiser les JO en je-ne-sais-quelle année parce que cela va coûter 11 milliards d'euros. Onze milliards pour bâtir des stades obligatoirement "architecturalement décapants", dont personne ne se servira une fois les jeux terminés, des villages olympiques moches, des échangeurs d'autoroutes hideux, sans parler de la marée de blaireaux qui déferlera et de l'armée qui surveillera chaque station de métro, chaque compétition de courses-en-sac-poker-tiramisu. Merci Delanoë d'avoir été bêtement optimiste, voire arrogant ! Merci d'avoir été recalé ! Avec les couloirs de bus de la peur, on aurait pu inventer une nouvelle discipline : la traversée du carrefour de Port-Royal ou des Gobelins un jour de grève des feux tricolores.

mercredi 5 novembre 2008

Merci Barack


Temps de merde sur Milan mais on s'en fout : Obama est elu. Je vais repartir dans les bourrasques avec mon stylo entre les dents (finalement c'est une image assez realiste de ce metier), mon parapluie coince entre ma clavicule et mon oreille. Je reviendrai ce soir comme un chien mouille, mais pas un "vieux chien". Merci Barack. On va pouvoir aimer a nouveau les Etats Unis tranquillement sans s'excuser, sans devoir expliquer que TOUS les Americains ne sont pas des rednecks incultes.

mardi 4 novembre 2008

Acqua alta...


J'essaie de trouver Milan a mon gout, m'extasiant in petto devant les jolies cours que j'apercoie au dela des portes et des grilles. Il semble qu'il y ait une vie derriere ces murs gris et severes mais, malgre tous mes efforts, la lutte contre les bourrasques, le parapluie dans le meme main que le cahier pour prendre des notes, tout en tenant le plan qui se dechire et le stylo entre les dents m'ont minee. Je rentre epuisee et trempee comme un vieux chien. "Vieux chien", faut-il que cette foutue ville me deprime, c'est la premiere fois que je me vois en "vieux chien". Le clavier local de l'ordi qui me prive d'accents et de cedilles renforce mon desespoir canin. Meme l'idee d'un bichon frise mouille avec un stylo entre les dents ne me fait pas rire alors que j'ai le souvenir imperissable d'un "bichon frise" (avec l'accent anglais please !) dans un "dog-o-matic" a Miami : il ressemblait a un nuage, une barbe a papa, prete a s'envoler sous le souffle chaud d'un sechoir a frisure. Mais je ne suis pas frisee...

lundi 3 novembre 2008

Que fait la police ?

Ce matin, j'entends sur RTL que l'Allier, la Loire et d'autres débordent et inondent des villages. Une habitante de Rive de Gier, sur le Gier, bien connu micro-affluent du Rhône, s'emporte contre les "politiciens" qui "devraient faire quelque chose". Quoi donc ? Prendre une serpillère et un seau ? Barrer la route à l'eau avec leurs petits bras ? Voter une loi interdisant aux rivières de quitter leur lit ? La France est sans doute le seul pays où l'on attend que l'Etat intervienne quand il fait trop chaud, trop sec, trop mouillé, trop venteux. Où l'on est prêt à faire un procès à Météo France qui n'a pas prévu que la grêle allait hâcher menu les mirabelles, que la neige allait peser trop lourd sur les caténaires, qu'il allait faire froid au péage de St-Arnoult ... et les pompiers n'ont même pas eu la grâce d'apporter des soupes chaudes et des couvertures de survie aux automobilistes. Et que l'on ne vienne pas me taxer de laisser-faire ultra-libéraliste, c'est juste que ce serait bien de quitter la maternelle pour entrer à la grande école, non ?

dimanche 2 novembre 2008

Londres (suite)


Déjeuner au Golden Hind, le "meilleur Fish'n'chips" de Londres, bizarrement tenu par des Grecs qui s'agitaient sous la bénédiction d'une icône de Saint Georges, plastifiée j'espère pour ne pas disparaître sous la graisse pulvérisée de ce temple du graillon. Ce que le dragon a raté, le fish'n'chips l'a réussi. Bon, j'exagère mais eux aussi, c'était un bon fish'n'chips mais j'en ai dégusté un bien meilleur à NYC, dans un bouibouis en bord de l'Hudson. Les chips étaient bien mais, comme l'a remarqué notre voisin, natif du Yorkshire, le poisson était un peu mou, genre "nourriture d'hôpital", pas assez saisi et surtout pas dans de la graisse de bœuf... Il y avait là des traders français comme toujours, mais cette fois le moral était bas. Je n'ai pas remarqué s'ils portaient des chemises blanches, comme l'a écrit la Tribune, en signe de deuil parce que cette année no bonus, nada, niente, zilch ! Mais leur sourire de loup s'était envolé. On sentait que ceux-là en tout cas n'avaient pas misé à la baisse comme certains l'ont fait, qui empocheront une belle prime bien grasse. Ils n'étaient pas non plus à la rue, que l'on se rassure, mais brutalement Londres avait perdu beaucoup de son charme et tous parlaient de "cette ville" à laquelle ils n'avaient jamais pu se faire. Allo Maman bobo ? Et cela m'a fait rire devant mon haddock pas assez croquant.

jeudi 30 octobre 2008

Il a neigé sur Londres

Pour la première fois depuis 70 ans, il a neigé sur Londres en octobre et j'y étais. J'y étais aussi pour ce scandale si quintessencially British à la BBC qui est en train de bouleverser le pays plus que la crise (reportez vous à vos quotidens favoris un jour que le syndicat du Livre ne sera pas en grève) mais ce qui m'a surtout frappé est la beauté des parcs en automne, ces espaces miraculés en centre ville, ni des jardins à la parisienne, toilettés et tirés au cordeau, ni ce grand n'importe quoi en friche qu'est les bois de Boulogne, entre voies rapides et sous-bois pleins de ronces et de préservatifs. On y voit des cavaliers, les magnifiques Horse Guards bien sûr, mais aussi des promeneurs, pas tout à fait comme vous et moi, j'en conviens, mais c'est bon d'entendre le claquement des sabots. Cela rappelle que les capitales devraient se préoccuper plus de la vie, animale ou humaine, que des voitures. Londres a sacrifié aux échangeurs urbains, aux quatre voies monstrueuses et des quartiers idylliques comme Mayfair se retrouvent en bordure d 'autoroute, les appartements transformés en bureaux à l'abri derrière des doubles ou triples vitrages... A part ça, les French traders aux dents si longues ont le moral dans les chaussettes : n'avoir aucune vie personnelle intéressante pour le bonus qui permet de s'acheter une Maserati en petites coupures, d'accord, mais se pourrir la vie pour rien, c'est minant. Il parait d'ailleurs que les psys en voient arriver par paquets de 5 et que les divorces se multiplient. C'est beau l'amour. L'altruisme. Le "pour le meilleur et pour le pire". Pour la Maserati et la carte de métro...

samedi 25 octobre 2008

De profundis


On apprend incidemment que Jorg Haider était homosexuel et c'est comme si on rencontrait un de ces éternels adolescents dessinés par Joubert. Celui qui représentait les petits scouts, héros et lecteurs de Signe de Piste : bronzés, les traits fins, les yeux clairs, le corps mince et musclé, sec. Un ravissement pour esthète d'extrême droite. Haider était si caricatural que sa mort même au volant de sa voiture lancée à pleine vitesse pour aller souhaiter "bon anniversaire" à sa maman ferait rire s'il n'y avait derrière une vraie mort, ce qui n'est jamais drôle. Il aimait les sports extrêmes, les blonds aux yeux bleus et à la nuque rase, les shorts trop courts, le yodel sans doute et Adolf Hitler.

jeudi 23 octobre 2008

Cher Canard ...


Il y a deux semaines, environ, le Canard Enchaîné s’en est pris avec justesse à un numéro spécial Luxe de Madame Figaro, une sorte d’auto-parodie involontaire où des journalistes évoquaitent leur journée de star entre le coiffeur de Sharon Stone et le maquilleur de Madonna, ou l’inverse, de fascinants achats de parfums tirés à 17 exemplaires au moooonde ! Incroyaaaable, non ? L’addition défiait le décence la plus élémentaire. Aujourd’hui, Elle fait la même chose, ce qui prouve qu’une mauvaise action n’est jamais perdue et on reprend la pédicure de Paris Hilton, la coloriste de Catherine Deneuve et le marchand de gaufres d’Orlando, frère de Dalida. Je n’ai pas eu le courage de lire, pas plus que Madame Figaro d’ailleurs car je ne sais si c’est plus stupide qu’indécent, mais il m’a semblé apercevoir en dos de kiosque que Femmes nous avait concocté aussi un Spécial Luxe. Du « bon luxe » rassurez-vous, Marie-Claire Pauwells pour qui fut inventé le magazine Madame Figaro par un gentil papa, ne doit pas sombrer dans le vulgaire. C'est même plus ou moins le combat de sa vie. Ce doit être le faiseur de fil dentaire de Marie-Edmée de Clermont-Tonneau, le culottier d’Inès de la Fressouille et la biaiseuse d’Agapée Bettenlaire. Je ne parlerai pas des salariés qui font les poubelles parce qu’ils ne s’en sortent plus, ni des enfants qui meurent de non-nutrition parce que vous voulez que je vous le dise : les pauvres, c’est chiant !

dimanche 19 octobre 2008

Nautile de papier


Dans un livre que j’ai déjà évoqué, Gift from the Sea d’Ann Lindbergh, la vie des femmes est comparée à une collection de coquillages ramassés sur les plages de Sanibel, curieux archipel de mangrove dont on ne sait plus si c'est de la terre ou de l’eau. Des labyrinthes de palétuviers où nichent les oiseaux et se cachent les lamantins, horizons incertains dont je ne saurais dire s’ils sont beaux ou si c’est leur création-même qui leur confère cette magie particulière. Il suffit d’une graine à la racine flottante qui s’accroche à un haut fond ou peut-être à la nageoire d’un dauphin pour qu’un monde naisse, pour que les cormorans viennent, au soleil du soir, sécher leur ailes comme de grands parapluies noirs, pour que les spatules roses et les hérons nous ravissent de leur grâce infinie. C’est un monde de l’aube des temps côté Floride, une lagune saumâtre avec ses crocodiles endormis et, côté golfe du Mexique, des plages de sable immaculé, crissant comme du sucre glace, des îles plates au fil de l'eau, dont les seuls reliefs sont les tumulus de coquillages des Indiens Calusa. Ann Lindbergh y décrit sa solitude tranquille face à la mer, son retour sur elle et je la vois dans cette lumière de petit matin, jaillie d’un tableau d’Andrew Wyeth, cette belle femme qui se penche pour cueillir ces coquilles que les vagues déposent. Aujourd’hui, je suis comme la coquille d’huître qui s’est élargie et bossuée pour accueillir des enfants, qui en a repoussé les murs pour qu’ils grandissent à leur tour, et qui se retrouve une peu perdue dans une coquille d’où ils sont partis. J’aimerais, comme elle, trouver la sagesse de devenir ce miraculeux argonaute, ce « nautile de papier » transparent à force de finesse et de blancheur qui doit son nom au navire de Jason parti sur des mers inconnues chercher le Toison d’Or. Et quelle Toison d’Or ?
Le monde est ainsi fait que si je cherche les traductions de Moonshell ou de Double-sunrise, les états précédant le Paper Nautilus, je ne trouve que des sites Nintendo et ces noms pleins de poésie sont ceux de logiciels de jeux, d'esthétique manga. Paquita, redescend sur terre et va te prendre un Double-Sunrice tequila au bar de Randy Wayne White! Ou un Seabreeze

vendredi 10 octobre 2008

Etonne moi Woody !


Non, franchement je ne pense pas aller voir Vicky Cristina Barcelona. Malgré les critiques louangeuses. Ou à cause d’elles. Je ne peux m’empêcher de soupçonner que l’âge de Woody Allen en est la cause. Genre : « Allen, plus jeune que jamais ». « Le souffle et la sève de notre éternel jeune homme ». « Le dernier Woody Allen , un hymne à la sensualité ». Et puis j’ai vu la bande annonce, un chef-d’œuvre de convenu. C’est grosso modo l’histoire de deux gourdasses électrisées par un maçon espagnol Post-Movida. Il a la barbe de trois jours (étonnant, non ?), il est prêt à les baiser ensemble, une à une, c’est un latino quoi (étonnant, non ?). Il n’est pas maçon, mais artiste, mais il pique du menton, a des auréoles de sueur à son marcel, mange du chorizo et boit du vino tinto. Peut-être même qu'il fait pipi, une cataracte à la hauteur de son sex-appeal, la porte ouverte en continuant de parler. Bref, il est chtonien, couillu, sensual (avec l’accent catalan) et les deux gourdasses from USA découvrent le stupre made in Spain. Aaah la vie, la vraie, la Méditerranée, si délicieusement exotique quand on a vécu entre Coney Island et Manhattan... Là-dessus, Penelope Cruz déboule en femelle hystérique volcanique. Bon, on s’en fout. Cela permet à un vieux monsieur hyper-gentil, enfin on imagine parce que l'histoire de la fille adoptive ça reste moyen, de se donner des émotions. Alors Scarlet (pas O’Hara, hélas) fait des bisous à Penny, et vice-versa, sous le regard de Javier. Mais très en dessous parce que Javier est un macho aux yeux lourds et que pour croiser son regard, il vaut mieux se coucher. D'ailleurs c'est ce que je vais faire.

vendredi 19 septembre 2008

Art


La dernière trouvaille new-yorkaise est un musée, un de plus, le New Museum sur le Bowery. En réalité, c’est ce fait qui est extraordinaire si l’on se souvient de l’époque pas si lointaine où il ne faisait pas bon y traîner si l’on n’était ni junkie, ni clochard. Aujourd’hui, place aux beautiful people, aux « créatifs », aux mannequins, aux fêtes et à l’art. Difficile de s’extasier sérieusement devant une architecture imitant un empilement de boites. Je n’ai rien contre les boites, ni contre les piles, ni contre le cabinet d’architectes japonais, mais on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il est plus facile de s'inspirer d'une piles de boites que de…. à peu près n’importe quoi. Plus simpliste, la boite unique, sans doute. Quant aux collections, il me semble qu’exposer un arbre mort et un cheval empaillé demande moins de talent que de réaliser une statue équestre. Même une médiocre. Avec un cheval qui ressemblerait à un basset. L’autre jour, deux amis, scotchés à l’écran de leur ordinateur, s’extasiaient sur le Christ Mort de Mantegna, sur son visage. Je ne parle même pas de la virtuosité de ce raccourci que l’on peut considérer comme anecdotique, trop « habile » pour être honnête. Comme si la maladresse était le signe de la sensibilité authentique. Non, je parle de l’expression du visage, de son humanité, qui touche au plus profond de l’âme. Je ne dirai pas la même chose de ce malheureux cheval suspendu entre ciel et terre pour satisfaire aux caprices de Maurizio Cattelan.

mercredi 17 septembre 2008

Histoire de rire


Séminaire de gestion managériale au journal. Le même exactement que ceux qui sont proposés chez Père Dodu et Axa. Marine, chef d’un service d’une dizaine de personnes, presque tous des hommes, se fait recommander d’ « insuffler de l’enthousiasme à ses troupes ». Elle, petite mine à cause des bouclages toujours en retard à cause des tergiversations des chefs au moment d’envoyer l’édito, souffle : « Ce n’est pas facile dans le mesure où je n’ai, moi-même, plus aucun enthousiasme pour ce que je fais ». Diagnostic des experts : « Vous êtes typique du S.S.B.F. » Voilà qui est joliment dégainé ! Marine hausse les sourcils et doit faire face à deux ravis de la crèche qui lui assènent triomphalement : « oui, le Syndrome du Saint-Bernard Fatigué. Celui qui n’a plus d’alcool dans son petit tonneau ». La solution ? Demander à son « n1 » de le remplir son petit tonneau. Vous avez d'autres questions ?

samedi 13 septembre 2008

Retour de NYC


Une semaine à arpenter le Lower East Side, L.E.S. pour les amis, à assister aux block-parties, visiter les musées, essayer les bars, les restaus, les bistrots… Un vrai dépaysement sur lequel je reviendrai, avec des rencontres formidables, des fous rires partagés avec des inconnus, l’énergie qui jaillit de partout, et je retrouve Paris. Paris et les colonnes Morris où Michel Bouquet se glisse dans le caleçon long et le bonnet de nuit d’Argan. Après avoir interpété les notables de province coincés dans des films de Chabrol, il atteint à son tour la limite d’âge, celle où tout comédien d’envergure s’attaque au Malade Imaginaire. Non parce que c’est plus difficile que Le Misanthrope ou Le Bourgeois Gentilhomme, mais dans l’espoir de mourir sur scène. A la Molière. Dans des couches-culottes d’adulte incontinent, pathétique : le bout du bout de l’effacement devant le texte ? Ou la suprême afféterie ? Le narcissisme majuscule ? Je n’ai rien contre Michel Bouquet mais ce choix ne semble pas dénué d’arrières pensées éditoriales et a un petit air de déjà-vu . Il n’est pas le premier à vouloir enfiler les pantoufles de Molière dans un dernier rapprochement qui ferait les unes du Monde et de Libé. Je soupçonne que ses nécros y sont déjà écrites et prêtes à servir…

samedi 30 août 2008

I had a dream...


Vous connaissez la série américaine Cold Case ? Affaires classées en v.f. Avec la blonde glacée, l'Hispanique sexy-sympa, le Noir digne-et-fiable et le Blanc gros-grognon-au-coeur-d'or. Bref l'équipe qui gagne. Il s'agit de reprendre une enquête ancienne à la lueur d'un nouvel indice qui surgit de nos jours. La musique est formidable, tout comme l'évocation du passé filmé un peu flou et un peu sépia. Les épisodes sont très souvent l'occasion de revenir sur des attitudes aujourd'hui totalement dépassées, ou du moins on le souhaite puisque un grand nombre met en scène le racisme ordinaire de la société américaine. Pas des actes épouvantables à la KKK. Pas des mises en scène à grand spectacle avec cagoules et croix qui flambent dans la nuit. Juste un quotidien terrifiant. Et l'on comprend mieux l'engouement suscité par Barack Obama, le côté inespéré de sa désignation comme candidat démocrate à la Maison Blanche, quarante ans après l'assassinat de Martin Luther King à Memphis. L'Amérique, ou du moins une partie, fait un rêve à son tour. Le rêve de tourner une page ou plus. Un rêve que nous partageons, tant ces dernières années avec Bush Jr l'ont rendue difficile à aimer. Nous sommes tous pétris de musique, de films, de sodas, de romans à la sauce US mais avec Dubya comme on l'appelle là-bas, cela devenait vraiment trop dur ! Alors Barack on l'adore, il est beau et intelligent, sa femme est belle et intelligente (exit Laura, la potiche vertueuse), ses gamines ont l'air de vraies petites pestes comme tous ces enfants (de) stars dont raffolent les Américains. Bref, c’est une jolie famille comme on n’en a pas vu depuis longtemps. Bien sûr, aux yeux des Noirs américains, il n’est pas un véritable « Noir américain », il est un cocktail de Blanc et de Kenyan. Sa famille n’a jamais connu Miss Scartlett et ses plantations de coton, mais, bon, pour un premier essai, il n’est pas si mal, non ?

Have you ever watched Cold Case on TV ? With the icy blonde, the sexy Hispanic, the wise-and-humorous Black and the grouchy-but-so -tender-hearted White. They try to solve old and very cold cases. The music is very good as the images of a not-so-far-away past, a little blurred and faded. Real nice but sometimes incredibly disturbing since many stories deal with ordinary racism. Not the terrifying dramas with hooded horsemen and blazing crosses, just the daily humiliations leading much too often to crime. It helps to understand the extraordinary expectancy regarding Barack Obama, forty years after Martin Luther King’s assassination in Memphis. America has a dream after eight years of Bush Jr, and we have the same dream. We happily adopted US music, films, sodas and litterature but it was hard with Dubya as a president. We love Barack, so nice, intelligent and good-looking. Michelle is great too, nice, intelligent and good-looking (bye bye Laura. The women won’t miss you !) and the girls are pure brats, the kind the Americans love and we Europeans could gag, very normal. Gee, isn’t it a good family ? Of course, Barack may not be the typical African American. In fact he is half White, half Kenyan. His family never picked cotton for Miss Scarlett but for an attempt, it is not so bad, is it ?

vendredi 15 août 2008

Le 13 août 2008

Pourquoi la vertu a-t-elle souvent un petit goût aigrelet ?
Retour du glacier de la plage avec terrasse sur la rue de la plage et vue imprenable sur le foule de la plage. Comme il fait un peu frais, chacun est prêt aux pires bassesses pour une table bien placée et une coupe débordante de Chantilly, coulis de framboise et autres amandes effilées grillées. La carte est une invitation à se rouler dans les calories pour oublier la météo médiocre mais je choisis une coupe raisonnable avec deux sorbets (framboise et fruit de la passion) pour la bonne conscience et une boule tiramisu pour la transgression, légère. A côté de moi, un être sans scrupule ni préoccupation diététique commande une coupe Pistacco, une superposition de crèmes glacées et de pistaches, noyée dans la sauce au chocolat chaud et un tourbillon de Chantilly dense, saupoudrée d’on-ne-sait-quelle noisette croquante. Un vraie gueule de péché où je me précipite en me signant mentalement. Saint Apfeldorfer, étends tes mains, que je soupçonne dodues, sur mon petit bidon pour le faire fondre ! En jurant, pour faire bon poids (non ! pas ça, il n’y a pas de « bon poids » possible après une glace et demi !) que je vais revenir à la maison en courant genoux au menton. Non que ma coupe ne soit pas appétissante. La framboise contre le tiramisu posés sur le fruit de la passion, le tout couronné de deux bouts d’orange et d’une branchette de menthe est un miracle de polychromie de bon ton, plus esthétique que la Pistacco aux coulures marron. Mais c’est juste irrésistible. Et je ne comprends pas pourquoi la vertu n’a jamais ce goût, pourquoi le sorbet est plus triste que la triple crème, le haricot vert que la frite, le filet de lotte que le civet. Avec des croûtons. La grasse mat’ que la messe de 7h…

Le 10 août 2008

L’âge de la com
Il y a quelque chose de cruel dans cette manière de clore la bouche – clouer le bec ? - des enfants, de l’âge du berceau à celui du vélo à petites roues environ, avec une tétine. Quelque chose comme le refus de supporter l’expression de leurs envies, besoins, joies et chagrins. Une façon de leur signifier « Tais-toi et suce. Tu es trop petit pour avoir la parole ». Un froncement de sourcil au fond de la poussette, un reniflement précurseur et hop ! A nous la tototte ! Alors c’est vrai, les pleurs incompréhensibles, les peines qui submergent les petits comme un mascaret peuvent inquiéter. On se sent brutalement impuissant devant des yeux noyés de larmes et il est tentant de fermer la bouche qui tremble avec ce bouchon de plastique, efficace comme une bonde de lavabo. Tu as peur ? Tu as mal ? Tête ce bout de caoutchouc, c’est mieux que tout. Tu es furieux ? Je ne veux pas l’entendre, mâchonne ! Je me souviens d’un petit Virgile qui ne parlait pas du tout en maternelle. Il comprenait à la perfection ce qui se disait mais restait muet. En revanche, il mordait les autres enfants dès qu’il était ému. Corinne, l’institutrice, interrogea la mère car c’était le premier cas de total mutisme associé à une telle violence qu’elle rencontrait et cette dernière finit par glisser dans la conversation qu’elle n’avait jamais adressé la parole à son fils. Et quand elle comprit que ce serait bien qu’elle se lance, elle s’avéra incapable de lui parler directement. Elle ne pouvait employer que la troisième personne au lieu du tutoiement. « Alors il a passé une bonne journée ? » ce à quoi Virgile ne répondait pas puisqu’il n’était pas l’interlocuteur.

Le 8 août 2008

Conte navajo.
Un jour, un coyote remarqua un groupe de petits oiseaux qui semblaient s’amuser énormément : ils volaient au sommet d’un grand arbre, puis plongeaient vers le sol avant de remonter et recommencer, sans se lasser. Il s’approcha et leur demanda ce qu’ils faisaient. « Va-t-en, coyote, tu n’es pas des nôtres. » Il insista encore et encore : « Si ! Montrez moi ce que vous faites et je ne vous pourchasserai plus de la journée ». Les oiseaux finirent par lui permettre de grimper à la cîme de l’arbre pour les retrouver. Là, ils lui expliquèrent que leur jeu consistait à se retirer les yeux, les jeter vers le sol et de voler très vite pour les rattraper avant qu’ils ne roulent au sol. « Oh c’est formidable. Je peux faire comme vous ? –Mais non, tu n’es pas des nôtres. Tu n’es qu’un coyote et tu ne peux faire pareil.- Si ! Laissez faire comme vous et je ne vous pourchasserai pas de la semaine. » Les petits oiseaux se mirent d’accord et lui expliquèrent comment faire : « Tu te mets sur le bout de la branche, tu t’arraches les yeux et tu les lances. Dès que tu ne les tiens plus, tu files vers le sol pour les rattraper et hop ! Tu les renfonces dans tes orbites ». Le coyote fila vers l’extrêmité et se mit en devoir de s’arracher les yeux : « Mais ça fait mal ! –Oui, mais c’est toi qui a voulu faire comme nous, alors ne te plains pas ». Le coyote finit par lancer ses yeux et sauta dans le vide en hurlant ; il s’écrasa au pied de l’arbre et entendit deux petits bruits : « Ting ! Ting ! » et les yeux roulèrent au loin. Il pleura et implora les oiseaux : « Aidez moi, je n’y vois rien ! Je suis aveugle, j’ai mal, je suis dans le noir ! » Les oiseaux lui demandèrent de se taire. « Je vous en supplie, aidez-moi à retrouver mes yeux. –Ecoute, tu as voulu nous imiter alors que tu n’es qu’un coyote. Maintenant, tant pis pour toi.- Ayez pitié de moi ! Aidez moi à retrouver mes yeux. Je ne vous ennuierai plus jamais, je vous le jure. –Juré ? » demandèrent les oiseaux dubitatifs. « Oui, je vais partir très loin et vous ne me verrez plus jamais ». Les petits oiseaux remontèrent dans l’arbre et ramassèrent la sève qui coulait sur le tronc. Ils en firent deux petites boulettes et les enfoncèrent dans les orbites du coyote qui s’enfuit en courant. Et c’est depuis ce temps-là que les coyotes ont les yeux jaunes.

Le 6 août 2008

Dans une de ses Chroniques martiennes, Ray Bradbury décrit un monde futur et totalitaire comme il se doit, dont le gouvernement a mis au point une technique d’abrutissement des foules d’une efficacité absolue : chaque citoyen a une puce implantée dans le cerveau chargée de détecter toute velléité de penser. Au moindre frémissement de l’intellect, un son inattendu se déclenche, sonnerie de téléphone, pleur d’enfant, train qui arrive en gare, grincement de craie sur un tableau, qui stoppe l’idée dans l’œuf. Il m’est arrivée de penser que les enfants avaient été inventés pour rendre leur mère, ou leur père quand c’est lui qui s’en occupe, complètement décérébrée avec leur inextinguible soif d’attention, leurs questions, leurs colères, leurs chagrins qui composent une guirlande infinie de bruits rendant impossible toute concentration. Je me souviens m’être mise à peindre à l’aquarelle des bouquets sans autre intérêt que celui de me permettre de faire le vide de toute interférence. De m’abstraire de tout micro-drame. Plus tard, j’ai rencontré Fabienne Verdier, peintre devenue célèbre depuis, qui m’a raconté comment, lors de ses années d’étude de la peinture au Sechuan, les autorités chinoises diffusaient, en permanence, du Richard Clayderman, aussi bien dans les salles de cours que sur les quais de gare, pour empêcher tout début de conversation et d’élaboration de pensée. Ce que j’ai pu vérifier en me rendant en Chine par la suite ainsi qu’au Vietnam où le même Clayderman a été choisi pour rendre idiots les touristes se rendant à Hoi An tant il est flagrant que ces roucoulades pianistiques sont de nature à décérébrer les plus aguerris. Mais le plus troublant est que ce type d’abrutissement des foules n’est pas réservé aux régimes totalitaires. Déjà, en 1955, dans son livre Gift from the Sea, Anne Lindbergh explique comment la femme américaine se prive de son « daydreaming », finalement assez créatif, en consommant d’ineptes soap operas et aujourd’hui que dire de nos musiques d’ascenseur, de grandes surfaces, de parkings, de nos animations de rue avec diffusion continuelle de musique invertébrée ? Que dire de la pub qui passe en boucle ? Qui envahit aussi bien notre espace auditif que notre espace visuel en colonisant les carrosseries de bus, le « mobilier urbain » et la télévision ? Que dire de ce bruit incessant , de ces écrans aux couleurs criardes ? Le plus extraordinaire est que la plupart en redemande et se connecte à une source personnelle de sons, sans en être prié, comme si l’espace offert par le silence faisait peur. Comme si la possibilité de nous servir de ce qui fait notre supériorité sur l’animal représentait un danger. La liberté fait-elle si peur, comme l’a écrit Erich Fromm, que nous choisissions n’importe quel maître, même le plus insignifiant marchand de lessive –retour sur le soap opera-, pourvu que nous puissions oublier notre solitude intrinsèque ?

jeudi 31 juillet 2008

Merci Abe

Les hôtels (de luxe) posent souvent sur l'oreiller un (très mauvais) chocolat (plein de crème et de sucre) en même temps que la météo du lendemain. Les gourmands et/ou les désespérés engouffrent le premier et jettent la seconde à la corbeille, surtout si elle annonce des ondées. Lors de mon séjour à Hué, l'hôtel La Résidence, une vraie merveille de style Art Déco au bord de la Rivière des Parfums... - oui, je sais, ça énerve ! Mais en vrai, on ne voyait pas la rivière au bout du jardin tellement il faisait mauvais, alors les parfums, on oublie aussi- bref, le soir, on trouvait, sur le mol oreiller de duvet, peut-être un chocolat, je n'en ai aucun souvenir, mais surtout une phrase d'un homme célèbre et le premier soir, j'ai trouvé celle-ci, d'Abraham Lincoln, que je vais traduire à la sauvage :"Presque tous les hommes peuvent supporter l'adversité, mais si vous voulez tester le caractère d'un homme, donnez lui du pouvoir". Non, ce n'estpas moi qui ai mis deux fois "homme", c'est Abe. A part cette (légère) lourdeur (c'est quoi ça ? un zeugma ? un oxymore plutôt), je trouve ce propos d'une justesse troublante. Pas vous ? Aujourd'hui, c'est l'attitude de la Chine qui assume parfaitement de censurer internet qui me fait penser à cela, mais, à l'époque, au mois de mars, c'était plutôt Sarko qui me venait à l'esprit.

dimanche 27 juillet 2008

Bonsaï


Je déteste les bonsaïs même si des mini-pruniers en pots dans la cité impériale de Hué m’ont séduite. Même si j’ai vu des petits saules exquisement contrefaits dans les temples des flancs de l’Emei-san. Contrefaits, c’est bien là le cœur de ma nausée. Contrefaits comme des pieds de Chinoise aux os brisés et ressoudés à l’envers, contrefaits comme des enfants contraints par une éducation contre nature, comme des arguments repris et torturés jusqu’à se retourner comme un gant par des intellectuels aguerris. Pourquoi est-il si difficile de laisser pousser arbres et enfants droit vers le ciel ? Pourquoi brider les pieds et les envies, pourquoi les empêcher de prendre leur place ? Quel plaisir trouvent certains à les tourmenter et les rendre difformes ? Pour le sentiment de puissance que donne l’intervention directe sur la nature ? Mettre son empreinte en courbant les branches, pinçant les bourgeons et tordant les rameaux ? En tordant les idées, malmenant les arguments, pliant les théories ? En pinçant les désirs, brisant les envies et courbant l’élan ? C’est aussi haïssable que ces petits chaussons brodés, vendus à Malacca chez le dernier cordonnier spécialiste des pieds bandés. Leur vue m’a fait monter un terrible haut-le-cœur, tout comme, en devanture, les photos de ces femmes sur leur pattes d’oiseaux fragiles et contrefaits, misérables victimes d’une civilisation sans pitié. Quelque part, je trottine aussi sur des « boutons de nénuphars ».

Bonsaï
I hate bonsaï, those crippled pigmy trees that can be seen everywhere in China or Vietnam, even though some of them are really cute like a mini-plum-tree in blossoms, mini-blossoms of course I saw in the Imperial City of Hue or a tiny maple with red leaves near the Emei-san. What is the point of twisting the branches, plucking the leaves, cutting and crushing the buds like the bound feet of Chinese girls ? I feel sick as I felt in Malacca, discovering in a narrow street the last shoemaker who could sew and embroider the tormenting silk slippers with the strangest shape to fit a foot. A walking foot I mean. Not a pseudo erotic objet making the poor girls hopping stupidly as birds. Education can bind a mind too, let's not forget it.

jeudi 24 juillet 2008

Le look du bagne

Devant moi, il y a ce caleçon, ce boxer short plutôt, qui dépasse de plus de 20cm de la ceinture du jean, porté si bas que je crains à tout moment qu'il ne tombe aux chevilles. Dans l'escalier mécanique, le garçon essaie de le remonter mais la coupe est telle que rien n'y fait. Il a choisi ce modèle et devra supporter cet inconfort absolu doublé sans aucun doute de la terreur du ridicule sans peut-être en savoir la raison. Sait-il que cette mode parfaitement hideuse qui coupe la silhouette et dégage des sous-vêtements pas toujours bien sexy, est une évocation des bagnards à qui l'on ôte la ceinture à l'incarcération ? Sait-il que cette jambe de pantalon dans la chaussette symbolise le port d'un boulet ? Je vois tous ces malheureux gamins avec leur démarche chaloupée de bad boys, empêtrés dans l'entrejambe, à hauteur de genoux, d'un short géant de basketteur ou celle d'un survêt, qui leur interdit les grandes enjambées. Parfois pour compléter cette panoplie, ils arborent une sorte de slip en nylon fin sur la tête sous la casquette de base-ball, forcément (allusion durassienne) de travers. Quand ils ne sont pas appareillés d'écouteurs qui leur balancent une musique de futurs sourds dans les oreilles, ils jettent un regard de défiance à la ronde. Les mamies, et pas seulement elles, les regardent comme des incendiaires de voitures. Tout est en place pour confirmer quelques solides préjugés, à des années-lumière du pseudo-romantisme de Sing-Sing ou San Quentin !

mercredi 23 juillet 2008

Hi Wilhelmina !


Hier, pour dépanner une secrétaire de rédaction, j'ai dû appeler Vigo, en Galice, et vérifier un papier dans mon plus bel espagnol. Depuis mon ego ronronne d'aise. A chacun sa citadelle à prendre. Son dépassement. J'ai fait une vague tentative de «vous parlez français ou anglais ?», en castillan semi-parfait, mais il est difficile de se planter en trois mots. Et la conversation a démarré après son assurance que «non,non» elle ne parlait rien de tout ça mais que je débrouillais formidablement bien. Rires.
L'une des pires frustrations pour moi est d'aller dans un pays dont je ne connais pas la langue. Et ils sont nombreux ! Heureusement, l'anglais se massacre plus ou moins sous toutes les latitudes et la communication directe se fait malgré l'excentricité de certains accents. Jusqu'ici, seuls la Turquie, la Chine et le Japon sont restés hermétiques à mes tentatives de séduction linguistique, à mes envies de partager un rire ou une confidence. Je me souviens de cette Hollandaise aux cheveux rouges, rencontrée au pied du Rainbow Bridge, dans l'Utah. Avec ses copines, elle faisait du trekking à la recherche de l'ancien Glen Canyon, inondé pour cause de barrage. J'attendais mon photographe qui avait disparu au delà de l'arche parfaite, alors qu'il était recommandé de ne pas le franchir car c'était un lieu hautement symbolique pour les Navajos. Wilhelmina fit quelques pas avec moi et me raconta comment elle était venue à la fin des années 60 avec son sac à dos et sa guitare, sur les traces d'on-ne-sait-qui. Kerouac peut-être ou Dennis Hopper. Là, au bord du gouffre, elle avait croisé le regard de celui qu'elle allait épouser le lendemain, avec qui elle vivrait d'amour et d'air pur pendant vingt-huit ans, jusqu'à ce qu'il meurt d'un cancer, et dont elle avait eu trois ou quatre enfants. En cinq minutes, nous nous étions reconnues. Nous savions que nous étions de la même espèce et que nous avions élevé nos enfants pareil, avec les mêmes idéaux, totalement déplacés dans la société actuelle.

mardi 22 juillet 2008

I love Paris (Hilton) in summertime

RER, ligne B vers Châtelet-Les Halles. On se bouscule un peu mais pas trop. C'est l'été. Paris a son air en vacances avec des familles d'Italiens qui s'interpellent, de jeunes Américains en short et Pataugas, attifés comme s'ils allaient prendre l'Annapurna par surprise, et les habituels Parisiens. La plupart scrute un tout petit écran pour faire le premier «démineur» du matin. Ils pianotent comme des maniaques, dans ce qui ressemble à une tentative desespérée de se muscler le pouce. D'autres s'énervent sur leur i-Pod ou autre baladeur miniaturisé. Ecouteurs-boutons glissés au creux de l'oreille ou casque genre aiguilleur du ciel, ils sont tous ailleurs, entre les deux sources de bruits. Pris en sandwich entre celle de droite et celle de gauche. Au delà des décibels, de plus en plus forts avec les années et la surdité qui s'installe, rien. Prunelles vides, regard flou, bonjour les zombies ! Il y a peu, on quelques intellos épluchaient les magazines TV entre Richelieu-Drouot et Chaussée d'Antin, et cherchaient à comprendre la psychologie riche de Benjamin Castaldi ou de Paris Hilton. Aujourd'hui, c'est fini : la culture se perd, on vous dit !

dimanche 6 juillet 2008

T'as pas 100 balles ?

M’étant faite traitée d’ « enfant gâtée du journalisme » par un supérieur, strictement hierarchique, je précise, tant mon estime lui sera refusée aussi longtemps qu’il n’aura pas prouvé qu’il connaît autre chose que la cathédrale Saint-Louis de Versailles, je veux ici parler des journalistes africains qui, apparemment, n’ont pas la vie facile. Il semblerait que du côté de Kinshasa, mais pas seulement, on se paie les services des confrères comme ceux d’un avocat ou d’un médecin. Le sujet de l’article prend rendez-vous pour donner une interview et paie le journaliste pour que cela passe. Dans le meilleur des cas, cette somme est reconnue et appelée pudiquement « indemnité de transport ». La rédaction ne débourse pas un sou. D’où ces miracles d’objectivité proportionnels aux comptes en banque… Alors oui, je suis en enfant gâtée.

Can you spare a dime ?
I heard that life was harsh for journalists in Kinshasa (and elesewhere I suspect). They are not paid by the publisher but by those who want to be written about. You want to grow soja and plan to expell 150 people from their tiny gardens, you make an apointment with the smartest Paquita Shalimar in town and ask her to tell how great it is going to be for those poor peasants to get away from that barren land. And then you pay what is called the « transport allowance ». Don’t you love euphemism ?

dimanche 29 juin 2008

A Clé


Un jour, j’ai été invitée à diner dans le triplex somptueux, avec vue sur Central park, d’une intellectuelle Africaine-Américaine. Ou Afro-Américaine. Ou Black. Noire quoi et pas Negroe que seuls les Negroes ont droit d’employer. Enfin, peut-être pas, je ne sais plus. Bref, diner extravagant où j’ai fait Sidney Poitier dans Devine qui vient diner ? Au téléphone, la maitresse de maison n’avait pu discerner ma blanchitude (blancheur fait un peu pub de lessive), d’autant que j’étais envoyée par des Africains-Américains ou etc… complètement dégénérés certes, puisque francisés. Il y a eu le pincement incrédule des autres convives, les regards consternés, mais, bonne éducation aidant, chacun s’est présenté. Il y avait là une poétesse nobélisable, un auteur de pièces de théâtre, une poignée de ce qui se fait de plus chic, et friqué, à Manhattan. Bizarrement pour moi, ils se passaient en boucle un film avec Prince qui, ce soir-là, suspendu entre ciel et terre dans cette bulle élitiste, était ce qui se faisait de plus raccord avec le chic ambiant. N’ayant rien à dire sur le chanteur dont je ne connaissais qu’un surnom qui m’avait fait rire, « le nain mauve de Minneapolis », je résistais à la tentation de le faire partager à mes hôtes qui discutaient de la portée politique de son message. Je parvenais à la fin de l’apéritif sans gaffe majeure, la majorité des invités étant d’une politesse glacée mais scrupuleuse. C’est à table que je reçus la première flèche. Enfin « flèche », je ne me permettrai pas de supposer que les … Noirs (Mon Dieu qui êtes sans doute noir, pardonnez mon offense que seule mon manque d’imagination explique) ne connaissent que les flèches. Non, non, ils ont aussi les balles dum-dum, le taser et, dans ce cas précis, quelque chose de violent comme l’épée à deux mains que l’on abat à la verticale, du sommet du crâne à l’estomac, et plus si affinités. Donc, ils parlaient d’Afrique, le best-seller Roots avait transformé tout Noir (Black ?) américain en mandingue, et, dans un moment d’arrogance bien blanche, caucasienne même, je me hasardai à dire que je connaissais assez bien ce continent. Pas très bien, non, assez. Enfin, un peu. Plusieurs pays d’est en ouest où j’avais parfois résidé. Micro-banderille de l’auteur dramatique, histoire de se mettre en jambe : « connaître, vraiment ? Et comment est-ce possible ? » Réponse noncommital, voire faux-cul, genre : « Vous avez raison, comment peut-on connaître ? » en évitant toute inflexion qui aurait pu sembler ironique. A partir de là, ils me sont tous tombés dessus pour la raison simple qu’un(e) Blanc(he) n’a aucun droit de parler d’Afrique et que seuls les Africains-Américains peuvent le faire. Je mis un moment à comprendre ce que ces gens d’un chic asphyxiant me disaient, perchés au sommet d’un des immeubles les plus convoités du monde. Le communautarisme en était à ses balbutiements et n’existait pas du tout dans les milieux que je fréquentais. La suite est sans intérêt, je fus prise d’indignation, oubliant politesse et correctitude politique. Je décrivis avec un rien de sadisme ce que j’avais vu ici et là et qui était aussi loin du petit lopin en Alabama de leurs grands-parents que l’était mon micro appartement sur cour à Paris de ce triplex . C’est alors que le dramaturge se mit à rire comme un fou et qu’un à un, les autres se joignirent à son hilarité, me tapant dans le dos comme si s’achevait une gigantesque blague. Pour sceller cette entente inattendue, ils me firent la confidence que Bill Clinton était noir, ce que j’acceptai parfaitement, habituée aux subtilités de mon amie Clé qui m’avait déclaré, il y avait déjà longtemps, que Louis Pauwells qui refusait tout visage noir dans les pages de ses magazines, avait laissé passer des couvs avec des mannequins noires. « Arrête Clé ! Dis pas de conneries ! » Et elle m’avait initiée au concept américain de noir blanc, reconnaissable à l’œil averti. Ouf, Barack est un Noir noir, c'est déjà plus facile !

mardi 17 juin 2008

Vive les marronniers !





La presse est ainsi faite que, pour elle, les marronniers sont en fleurs toute l'année. Parfois, comme maintenant, c'est peut-être vrai, et surtout notre belle jeunesse passe son bac. Nous sommes allés à la sortie de l'épreuve de philo. "Alors Mounir (ou Charles-Albert, suivant le journal ) comment ça s'est passé ? Ah oui, tu as eu un sujet sur Sartre ?" Ou Diam's, ou n'importe qui. D'ailleurs, on s'en fout complètement. Nous avons oublié notre bac et c'est bon débarras. "On a demandé pour vous à Bernard Pivot, Nikos Allagas et Geneviève de Fontenay de plancher sur les sujets de cette année et ils vont être notés par vos profs. Génial, non ?" Et nouveau. Non, on le fait tous les ans ? "Ah bon, mais c'est cool quand même comme idée". Donc après l'angoisse du mois de juin, nous avons dans le désordre, les soldes avec la question métaphysique : faut-il en avancer la date ? "Nous avons interrogé Dany qui a une boutique à Vélizy". Puis, c'est le départ en vacances : que dit Bison Fûté ? Qu'il faut faire des arrêts et boire. Nous sommes au péage de St Arnoult :" Bonjour, vous allez où ? La Napoule ? Super". Suivront les méduses, les taons, les frelons, les "chocs anaphylactiques" aimés des journalistes qui s'emparent gloutonnement de mots savants pour faire croire qu'ils les emploient tous les jours. Vous vous souvenez des "peshmerga" à Kirkuk ? Dégommés des quotidiens par les "interahamwe" du Rwanda, eux mêmes envoyés aux oubliettes par les "jenjawid" du Soudan. Bref, revenons à notre marronnier, de paella pourrie de superette en coups de soleil, on arrivera doucettement à la rentrée des classes : Combien ça coûte ? et revoilà la trousse Barbie et le cartable Spiderman... Au secours ! Saint Théophraste Renaudot, patron des journalistes, donne-moi le courage de supporter les incontournables matches de foot (Merci Domenech ! C'est la bonne nouvelle du matin), les vaccins anti-grippe, avec un tour du côté des "seniors", puis préparation de Noël, du Jour de l'An, la gueule de bois post-festivités et tiens ? Revoilà les soldes !


Chesnut in blossom
I read somewhere - was it on Wikipedia ?- that « marronnier » was « chestnut » in English or « evergreen » in American. Marronnier in the journalistic slang sense, not only « April in Paris, chestnut in blossoms » even if they have a lot in common. In a newspaper, the marronnier is not in blossom only in April but all year long. In fact, it is evergreen ! Anyway, I can’t believe my honorable sisters and brothers in journalism to be as fond of marronniers, as we are. Especially on radio and TV. Those last days, we had the anxiety of our students for the baccalaureat but mostly the adults’anxiety : would you have the bac to-day M. Bernard Henri Lévy ? Or you M. Jean-Christophe Ruffin, elected yesterday at the Académie Française ? As if we cared. As if we cared about the sales beginning (twice a year), the opening of shops on Sunday (52 times a year), the injections against influenza (pros and cons), Santa Claus (pros and cons)…



samedi 14 juin 2008

Bienvenue en enfer



Moquette couleur vomi, lumières clignotantes, et, malgré l’absence de fenêtre, un air frais, délicieusement respirable. Ici pauvres et riches se retrouvent pour une sorte de grand messe à la chance qui sourit si rarement, à ces rouleaux qui tournent sans fin alignant une quetsche, deux cerises et « Bang ! » devant le regard halluciné des joueurs. Plus besoin d’actionner le fameux manche du bandit, on peut jouer à l’économie en appuyant sur un bouton. Idéal pour la clientèle âgée, obèse ou infirme qui se presse en fauteuil roulant dans l’espoir fou de voir enfin trois quetsches ! On n’entend plus non plus les cents qui dégringolent dans la cuve de métal, provoquant un vacarme assourdissant ainsi qu’une très réelle euphorie. Aujourd’hui, c’est l’oxygène pulsée dans les salles des casinos qui allège la tête et permet de fumer. La détresse se lit dans ces nuques crispées, dans ces dos voûtés et ces regards mornes, dans les doigts fébriles qui pianotent sur les touches colorées et arrachent la dernière cigarette à son paquet. Tout est d’une laideur absolue, aussi bien les machines chromées qui tournent sans fin que les joueurs au teint gris, figés en attendant la mort. L’enfer commence dans cet univers de plastique et de miroirs, où la lumière est celle des néons et l’air vient de container. De pathétiques danseuses se trémoussent sur des estrades pour faire croire que Las Vegas est la ville des plaisirs. L’une a troqué les cuissardes pailletées turquoise réglementaires contre ses bottes personnelles, histoire d’éviter les ampoules. Personne n’y fait attention. Elle pourrait être en moonboots ou intégralement nue, ce serait pareil. Personne n’est ici pour voir autre chose que les rouleaux qui tournent ou le rateau qui ramasse les jetons. Des hôtesses passent avec des plateaux et déposent des sodas à portée de désespoir. Un peu de sucre pour oublier que les quetsches se refusent opiniâtrement. Juchées sur des talons immenses, les jambes gainées dans des collants caramel, elles slaloment entre les rangs indifférentes à tout. Elles arborent le curieux sourire grimaçant de toutes les femmes qui ont parié sur la chirurgie esthétique. Leurs lèvres s’étalent comme une plaie barbouillée de rouge, terriblement gênante sur ces visages de grand-mères. La seule chose assortie à cette bouche obscène est la paire de seins qui flottent sous les clavicules, raides et gonflés comme des bouées. Et j’imagine le tête-à-tête avec le miroir, dans l’implacable lumière d’une salle de bain, les cernes et les rides, les vertèbres bloquées par ce piétinement quotidien sur des stiletto, la fatigue infinie et ce sourire supposé sexy, suspendu à jamais au dessus de ce décolleté de plastique. Cela doit faire partie du contrat d’embauche. Et dehors, sur les trottoirs du Strip, des Hispaniques en baggy pants qui leur donnent la silhouette d'E.T. proposent aux passants « une fille dans votre chambre en 20mn »...

Welcome to hell
Red-eyed and puffy looking, they are slouching against the back of their chair. Some of the gamblers are even in wheel-chairs, obese or crippled, and they spend their last strength, hopes and dollars in a pathetical tete-a-tete with a blinking slot machine. The waitresses glide along the aisles on high stiletto shoes, bringing soda as if it could ease the anguish. They wear ugly caramel pantyhose, the kind you can only find in US, with shimmering leotards, a pony-tail, and huge fake boobs, right under the collarbones ! The sad thing is their face, not too young, with sad eyes and a garish smile on lips fillled with collagen. Outside, on the Strip, small Hispanics with silly baggy pants offer “a girl in your hotel room within 20 minutes”.

mercredi 11 juin 2008

Australie

Le métier de journaliste c'est d'arriver à 4h du matin à Darwin, dans les Northern Territories et d'avoir sa première interview par téléphone à 10h, celle d' un éleveur de bétail mutique, dont on préfère qu'il le soit (mutique) tant son accent est indéchiffrable. C'est, dans la foulée, interviewer Mick, le fameux "professionnal whipcracker" qui au bout de 5mn vous explique que le fouet d'Indiana Jones est, si les Américains sont un peu sérieux sur le sujet, en "bull pizzle". Mmmh ? You know what pizzle means ? Mmmh ? It's a penis ! Et je prends note. Imperturbable.

This job is to land in Darwin, Australia, at 4 a.m, after a 24 hours or so trip, and to have to interview a mute head stockman at 10. Thank God, he is mute because I just don't understand his accent. My job is to try immediately another interview : this one is Mick, a "professionnal whipcracker". In less than 5 mn he tells me Indiana Jones's whip is made of bull or horse pizzle. Know what pizzle means ? No. It's a penis ! And I take notes. Without a frown.