samedi 19 septembre 2009

L'autre French Paradox


Enquêtes tous azimuts autour de l'élégance, qui débouchent sur l'hygiène, le soin, l'attention et c'est juste consternant.
Un spécialiste de la mode me déclare que ce qu'il retient de plus fort après quarante ans de ce métier est la saleté des Français : hommes politiques et hommes d'affaires aux plus hauts niveaux ne sont que rarement "soignés". "Ongles sales, cols et poignets de chemise pas nets, dents douteuses, cravates où l'on peut lire le menu de midi... ou d'avant-hier !" Sans parler des vestes mal taillées aux manches trop courtes, des chaussures pas entretenues, ni des pantalons trop longs. Ce qui n'arrive jamais aux Etats-Unis, au Japon et en Italie.

Hier, j'interroge un orthodontiste et il se lance dans le récit effroyable de dentitions en désordre, de plaque dentaire, de tartre teinté au thé, à la nicotine, au vin et l'haleine de rat qui va avec ! Chez des grands patrons, PDG de multinationales. Alors oui, les soins dentaires c'est chiant, douloureux, cher, dans le sens que l'on veut, par ordre des priorités de chacun mais la base de toute cette crasse est dans le manque d'éducation dès la maternelle. On trouve fascinant de donner aux enfants des cours d'anglais -"le petit Louis est to-ta-le-ment bilingue!"- mais l'hygiène minimale, on s'en fout. La preuve ? Il faut apprendre aux gens à se laver les mains, leur expliquer que c'est essentiel pour ne pas transmettre les gastro-entérites et la fameuse H1N1 ! C'est du moins ce que m'ont dit des épidémiologistes :"si vous arrivez à faire comprendre aux lecteurs qu'il FAUT se laver les mains, on aura déjà fait un gros progrès". Pasteur, reviens ! Demain je vous parle des toilettes de TGV déjà sales au premier départ du matin de Paris !

samedi 12 septembre 2009

Hectic, isn't it ?



La journée avait commencé au château à s'extasier sur 640 espèces de tomates différentes : aaah la Green Zebra de Tom Wagner, grand accoucheur de solanacées sous le soleil ! Les noires, les bleues, les énormes, les microscopiques... un monde fascinant qui mènent directement à celui des pommes de terre et même aux dahlias dont je ne peux que penser que le principal intérêt est la violence des couleurs qui les rendent perceptibles aux vieilles personnes. Le dahlia n'est pas noir malgré ce que les amateurs de polars s'imaginent, c'est surtout jaune à faire grincer des dents, orange Seventies et pourpre, avec des pétales sans douceur ni velouté, drus et raides comme un balai de chiottes. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, on peut en grignoter les racines (rhizome ou tubercule, that is the question !). Arrivée à 10h30, à 12h30 j'envoyai des SMS comme autant de bouteilles à la mer pour que l'on me sauve de ce potager ravissant dont la visite suivait celles d'œuvres d'art conceptuelles sur l'écologie, pas toutes moches mais plutôt convenues : vous savez les emballages en PET (polyéthylène téréphtalate) compactés, entourés d'un bolduc façon cadeau de l'humanité à la nature ? C'est sûr, tout le monde est d'accord et je sens bien que cette réflexion va quelque peu obérer (sublime verbe que seuls les Africains emploient encore avec naturel) ma réputation mais une vingtaine du même tonneau, c'est comme les tomates, on les adore mais... Donc retour à la capitale après ce bol d'air pur et ces sous-bois couvert de cyclamens sauvages, et le soir, cap sur La Courneuve pour Manu Chao à la fête de l'Huma, pas celle qui encombre la nature avec son PET (ou si !). On a failli se faire piétiner par une foule que personne n'avait prévue : manque de bus, de service d'ordre et abus de barrières, grilles et goulots d'étranglement. Marsupilami Chao était en forme avec ses musiciens. J'ai entendu et chanté mes airs préférés, c'était top, jusqu'au moment où l'affluence est devenue telle que j'ai été poussée, portée, agrippée dans une sorte de flux irrésistible, trop-plein se déversant par une entrée bien trop étroite. Dans l'instant je me suis écrit plusieurs nécrologies rapides genre "incendie du Bazar de la Charité", "effondrement de la scène au Macumba de Palavas" et finalement je me suis retrouvée dans la fête de l'Huma, la vraie avec des orchestres qui jouaient de la samba, de la salsa... j'ai raté le musette, mais le faux Gilberto Gil sous la tente de Choisy-le-Roi était parfait et le Compay Segundo des 50 ans de la révolution cubaine aussi ! Je ne parlerai du retour en RER que lorsque je m'en serai remise !

vendredi 11 septembre 2009

Grand écart

Journée sous le signe de la tomate : sablé à la tomate, gougère à la tomate, sorbet à la tomate, saumon à la tomate, chocolat à la tomate...

Non, je ne deviens pas obsessionnelle, je reviens du château de la Bourdaisière, le conservatoire de la tomate du (très charmant, et c'est vrai en plus) Louis-Albert de Broglie, peut-être pas Louis-Albert, toute cette tomate m'a grippée les synapses, bref le bien connu "Prince Jardinier". Bien connu des lectrices de magazines féminins chics.
Madame Figaro, première époque, celle de Marie-Claire Pauwells, fille de son père, remplacée par une improbable superstructure (enfin super, c'est un grand mot) sur fuck-me-shoes, couronnée d'une choucroute prise dans l'ouragan Katrina. Du temps où nous jardinions encore en Hermès et nous adorions les vestes autrichiennes. Je me moque mais c'est tellement pire depuis, que j'en viendrais presque à m'offrir les œuvres complètes des Triplés en souvenir. C'était niais. C'est devenu vulgaire, du vieux Cosmo regurgité pour Neuilly. C'est dans les vieux Cosmos qu'on fait les meilleurs "sexo-tests" : Bombe ou éteignoir, quelle amante êtes-vous ? Bref, je m'égare : la tomate me monte au cervelet et me ronge. Il faisait beau, j'ai rencontré une bande de femmes géniales -oui je dis "femmes", il me semble avoir passé l'âge, et elles aussi, de dire "filles"- et ce soir, grand écart, je vais à la fête de l'Huma pour écouter Manu Chao.
Elle est pas belle la vie ?

mardi 8 septembre 2009

Jesusa Puma

Je ne sais pas pourquoi j'y pense, mais, parmi les rencontres faites au cours de mes reportages, une des plus jolies a été celle d'une Quechua assise au bord d'un chemin en train de broder. Oui, je sais, c'est la deuxième fois que j'écris sur la broderie; demain, promis, je parle de confitures... Elle avait ces jupons superposés des femmes au Pérou qui se balancent comme des tutus de petits rats de l'Opéra lorsqu'elles marchent, et qui, dans cette position, étaient curieusement bouffants, révélant encore plus de jupons multicolores. Elle ressemblait à une vieille petite fille, installée ainsi sur le sol, les jambes allongées devant elle comme aucun adulte ne tient plus de deux secondes et comme les enfants restent des heures à jouer. Impossible de deviner son âge tant le vent des Andes et le soleil avaient tanné la peau de son visage. En fait, elle était sans doute plus jeune que moi... Emerveillée par son habileté au crochet, je m'arrêtais pendant que mon photographe, totalement conquis lui aussi, la prenait en photo. Je lui parlai espagnol, langue qu'elle ne devait employer que rarement, mais je parvins à lui acheter un beau ruban brodé de perles et lui demander son nom. Elle s'appelait : Jesusa Puma. Je ne crois pas avoir jamais entendu de nom plus extraordinaire que celui-ci, Jesusa Puma, et, de sa petite voix flûtée, elle me dit alors :"Gracias Mamacita !"J'ai gardé le ruban qui ne me sert à rien d'autre qu'à me rejouer la scène et réentendre la petite voix : Gracias Mamacita !