samedi 21 novembre 2009

Au détour d'une phrase

Ce matin sur RTL, interview du patron du RAID, à propos de la capture de Jean-Louis Treiber, le pseudo Robin des Bois qui vivait au chaud dans un petit studio de la banlieue parisienne. cela casse un peu la magie de celui qui la jouait "moi je me nourris de racines et de baies sauvages, je suis un sanglier farouche qui se cache dans les fourrés au passage des gendarmes...etc". Bref, Amaury de Hautecloque, parent vraisemblable du maréchal Leclerc et très chic patron du RAID, s'autorise un rien de persiflage, ce qui est de bonne guerre : "nous, on n'y a jamais cru à ses histoires de tannières dans les bois... à son âge, on attrape des rhumatismes". mais ce qui m'a beaucoup amusé, c'est quand il a qualifié les amis de Treiber de "voyous", pourquoi pas, et de "gens de peu". La Vieille France a surgi d'un coup avec cette expression que je n'avais pas entendue depuis mon grand-oncle Jean qui parlait aussi des Uhlans ! Je ne sais pas si d'autres auront remarqué et stigmatiseront cette surprenante manifestation d'esprit de classe aussi surannée que le gorgerin de ma grand-tante Françoise ! Et très, très politiquement incorrecte !

dimanche 15 novembre 2009

Petite gâterie littéraire

J'ai une sorte de goût pervers pour l'idiotie absolue et ce que j'ai trouvé dans les pages du Point s'en rapproche délicieusement. Cela me fait penser immédiatement aux Tontons Flingueurs : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait".
Je vous livre donc cette Ode au manteau de Pétain de René Benjamin, vibrant plaidoyer pour le droit à écrire n'importe quoi.

« Après bien des rencontres heureuses et émouvantes avec le Maréchal, j'en ai fait une, que je crois plus extraordinaire que toutes. Je me suis trouvé un jour seul avec son manteau. Oui, son manteau, qui négligemment reposait sur un fauteuil. Je fus saisi. Quand on est devant le Maréchal, on n'ose pas, on n'a pas le temps de bien regarder les choses qui sont sur lui. Mais là, pour ainsi dire, je surprenais ce manteau au repos. Et il acceptait d'être surpris. Sa complaisance m'émut. Je pouvais le regarder tant mes yeux en avaient envie. Je me sentis en état de grâce . »
Membre de l'Académie Goncourt, in Les sept étoiles du Maréchal (Plon).

jeudi 5 novembre 2009

Cours, Rama, cours !


Je suis toujours surprise par la quasi impossibilité des uns à accepter la liberté des autres. Je ne parle que de la liberté d'être soi-même, rien de bien extravagant ni spectaculaire. Et je dis bien "accepter" pas "comprendre" ou "apprécier". En fait, ma nouvelle inscription au chômage s'explique toute entière par ce qui n'est peut-être pas un refus mais bien une incapacité. Comme si cette petite liberté en rendait malade. Lorsque j'ai été sollicitée pour être intégrée dans une belle et orgueilleuse rédaction, j'ai répondu immédiatement "Non merci. C'est gentil et je suis très flattée mais il vaut mieux continuer comme ça." Stupéfaction et incompréhension. Peut-être vague soupçon que je voulais me faire prier, je n'en sais rien, mais des expériences dans d'autres rédactions me criaient de rester pigiste. J'ajoutais : "je suis bien plus sympathique lorsque je reste dehors". Cette réponse fut prise comme un trait d'humour exquis et entraina des dénégations sur le thème "mais on te veut, on t'aime, si, si, si, on a besoin de toi." Sans m'en rendre compte, je donnais à ma "capture" un parfum encore plus enivrant. Et j'ai fini par accepter, essayant de me rassurer par la taille de cette rédaction et par le professionnalisme de celle qui me faisait la proposition. Hallelujah ! La brebis perdue a retrouvé une jolie bergerie où on va l'aimer pour de vrai, pas comme les autres qui n'ont pas su. Je ne vais pas mentir : le chèque en fin de mois et cette impression d'être terriblement désirée ont été très doux. J'avais tous les talents. En politique, on appelle ça l'état de grâce. Quant à mon caractère, j'étais merveilleusement originale mais nous, on aime ça. Pas comme les autres qui... Sauf que l'amour est enfant de bohème et qu'il est parti. Personnellement, l'amour, je n'y croyais pas. Pas comme ça, dans un bureau. Et c'est là que tout s'est gâté. Je ne demandais qu'à être jugée sur mon travail et c'était une erreur grossière. Je suis devenue "trop perso", "arrogante", "incapable de m'intégrer à une équipe". En bref j'avais de "gros problèmes relationnels". Un caractère à chier. Que j'écrive bien ou non, tout le monde s'en foutait. Que je cherche à apporter le maximum à mes reportages, aussi. Et mon originalité commençait à être pénible. Maladive même. Nous, on aime les excentriques tant que cela ne devient pas une habitude. Ou alors, loin, en Angleterre : on adooore les excentriques britanniques ! Ici, on tolère un nuage de-çà, de-là, pour rire, mais fondamentalement, il faut être dans le moule. On a lancé la machine à formater. Le massicot à personnalité qui coupe tout ce qui dépasse. Entre Règlement de comptes à OK Corral et Vol au dessus d'un nid de coucou... Je cours encore.

lundi 2 novembre 2009

Lundi, c'est Susie


Curieux lundi, pas "comme un lundi" ! Une de mes amies est devenue grand-mère vers midi d'une petite Alba et une autre s'est fait amputer d'un sein à peu près au même moment. Quant à moi, j'ai passé ma journée à travailler tout en gratouillant le ventre de micro-Susie, 650 gr sur la balance de cuisine. Incapable de décoller de l'appartement, de peur de rater des nouvelles et de me laisser distraire par la beauté des feuilles jaunes des tilleuls au Luxembourg. Susie est restée contre moi, entre mon cou et mes genoux, comme si elle avait senti mon désarroi, sorte de léger vertige de ne pas savoir faire autre chose qu'être là. Avec ses coussinets roses et tendres comme les orteils d'Alba et ses longues vibrisses blanches qui lui donnent l'air ahuri. Je voulais parler de liberté, de mon incapacité à supporter l'imbécilité et le formatage qu'entraine trop souvent le travail dans un bureau mais ce sera une autre fois. Longue vie à cette petite fille et courage à la grande !