samedi 21 novembre 2009

Au détour d'une phrase

Ce matin sur RTL, interview du patron du RAID, à propos de la capture de Jean-Louis Treiber, le pseudo Robin des Bois qui vivait au chaud dans un petit studio de la banlieue parisienne. cela casse un peu la magie de celui qui la jouait "moi je me nourris de racines et de baies sauvages, je suis un sanglier farouche qui se cache dans les fourrés au passage des gendarmes...etc". Bref, Amaury de Hautecloque, parent vraisemblable du maréchal Leclerc et très chic patron du RAID, s'autorise un rien de persiflage, ce qui est de bonne guerre : "nous, on n'y a jamais cru à ses histoires de tannières dans les bois... à son âge, on attrape des rhumatismes". mais ce qui m'a beaucoup amusé, c'est quand il a qualifié les amis de Treiber de "voyous", pourquoi pas, et de "gens de peu". La Vieille France a surgi d'un coup avec cette expression que je n'avais pas entendue depuis mon grand-oncle Jean qui parlait aussi des Uhlans ! Je ne sais pas si d'autres auront remarqué et stigmatiseront cette surprenante manifestation d'esprit de classe aussi surannée que le gorgerin de ma grand-tante Françoise ! Et très, très politiquement incorrecte !

dimanche 15 novembre 2009

Petite gâterie littéraire

J'ai une sorte de goût pervers pour l'idiotie absolue et ce que j'ai trouvé dans les pages du Point s'en rapproche délicieusement. Cela me fait penser immédiatement aux Tontons Flingueurs : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait".
Je vous livre donc cette Ode au manteau de Pétain de René Benjamin, vibrant plaidoyer pour le droit à écrire n'importe quoi.

« Après bien des rencontres heureuses et émouvantes avec le Maréchal, j'en ai fait une, que je crois plus extraordinaire que toutes. Je me suis trouvé un jour seul avec son manteau. Oui, son manteau, qui négligemment reposait sur un fauteuil. Je fus saisi. Quand on est devant le Maréchal, on n'ose pas, on n'a pas le temps de bien regarder les choses qui sont sur lui. Mais là, pour ainsi dire, je surprenais ce manteau au repos. Et il acceptait d'être surpris. Sa complaisance m'émut. Je pouvais le regarder tant mes yeux en avaient envie. Je me sentis en état de grâce . »
Membre de l'Académie Goncourt, in Les sept étoiles du Maréchal (Plon).

jeudi 5 novembre 2009

Cours, Rama, cours !


Je suis toujours surprise par la quasi impossibilité des uns à accepter la liberté des autres. Je ne parle que de la liberté d'être soi-même, rien de bien extravagant ni spectaculaire. Et je dis bien "accepter" pas "comprendre" ou "apprécier". En fait, ma nouvelle inscription au chômage s'explique toute entière par ce qui n'est peut-être pas un refus mais bien une incapacité. Comme si cette petite liberté en rendait malade. Lorsque j'ai été sollicitée pour être intégrée dans une belle et orgueilleuse rédaction, j'ai répondu immédiatement "Non merci. C'est gentil et je suis très flattée mais il vaut mieux continuer comme ça." Stupéfaction et incompréhension. Peut-être vague soupçon que je voulais me faire prier, je n'en sais rien, mais des expériences dans d'autres rédactions me criaient de rester pigiste. J'ajoutais : "je suis bien plus sympathique lorsque je reste dehors". Cette réponse fut prise comme un trait d'humour exquis et entraina des dénégations sur le thème "mais on te veut, on t'aime, si, si, si, on a besoin de toi." Sans m'en rendre compte, je donnais à ma "capture" un parfum encore plus enivrant. Et j'ai fini par accepter, essayant de me rassurer par la taille de cette rédaction et par le professionnalisme de celle qui me faisait la proposition. Hallelujah ! La brebis perdue a retrouvé une jolie bergerie où on va l'aimer pour de vrai, pas comme les autres qui n'ont pas su. Je ne vais pas mentir : le chèque en fin de mois et cette impression d'être terriblement désirée ont été très doux. J'avais tous les talents. En politique, on appelle ça l'état de grâce. Quant à mon caractère, j'étais merveilleusement originale mais nous, on aime ça. Pas comme les autres qui... Sauf que l'amour est enfant de bohème et qu'il est parti. Personnellement, l'amour, je n'y croyais pas. Pas comme ça, dans un bureau. Et c'est là que tout s'est gâté. Je ne demandais qu'à être jugée sur mon travail et c'était une erreur grossière. Je suis devenue "trop perso", "arrogante", "incapable de m'intégrer à une équipe". En bref j'avais de "gros problèmes relationnels". Un caractère à chier. Que j'écrive bien ou non, tout le monde s'en foutait. Que je cherche à apporter le maximum à mes reportages, aussi. Et mon originalité commençait à être pénible. Maladive même. Nous, on aime les excentriques tant que cela ne devient pas une habitude. Ou alors, loin, en Angleterre : on adooore les excentriques britanniques ! Ici, on tolère un nuage de-çà, de-là, pour rire, mais fondamentalement, il faut être dans le moule. On a lancé la machine à formater. Le massicot à personnalité qui coupe tout ce qui dépasse. Entre Règlement de comptes à OK Corral et Vol au dessus d'un nid de coucou... Je cours encore.

lundi 2 novembre 2009

Lundi, c'est Susie


Curieux lundi, pas "comme un lundi" ! Une de mes amies est devenue grand-mère vers midi d'une petite Alba et une autre s'est fait amputer d'un sein à peu près au même moment. Quant à moi, j'ai passé ma journée à travailler tout en gratouillant le ventre de micro-Susie, 650 gr sur la balance de cuisine. Incapable de décoller de l'appartement, de peur de rater des nouvelles et de me laisser distraire par la beauté des feuilles jaunes des tilleuls au Luxembourg. Susie est restée contre moi, entre mon cou et mes genoux, comme si elle avait senti mon désarroi, sorte de léger vertige de ne pas savoir faire autre chose qu'être là. Avec ses coussinets roses et tendres comme les orteils d'Alba et ses longues vibrisses blanches qui lui donnent l'air ahuri. Je voulais parler de liberté, de mon incapacité à supporter l'imbécilité et le formatage qu'entraine trop souvent le travail dans un bureau mais ce sera une autre fois. Longue vie à cette petite fille et courage à la grande !

vendredi 30 octobre 2009

Susie


Je viens de remplir ma"déclaration de situation mensuelle" sur le site du Pôle Emploi ce qui n'est pas une mince affaire avec ma petite secrétaire particulière qui aime décidément beaucoup mon bureau. Du haut de ses deux mois et quelques 300 gr, c'est un immense terrain de jeux avec des trombones, des clefs USB, une boite perlée qui vient d'Afrique, un appareil photo dans une chaussette d'avion, des coquillages recueillis à Sanibel et Captiva... plus des timbres au chocolat, un reste de concrete au patchouli, du baume du tigre, des vieilles piles dont je ne sais plus si elles sont usées, des rubans Chanel et Christofle. Susie manie tout cela de ses pattes blanches comme des hockeyeurs font glisser le palet de leur crosse et atterrit sur le clavier. Et quand elle s'est bien cachée dans les livres de la bibliothèque, quand elle a grimpé d'un tiroir à un sac jusqu'à mes épaules, elle s'endort épuisée, les coussinets contre ma jugulaire, micro-fauve inventé pour me donner le plaisir de caresser un tigre comme a dit... Confucius ? Victor Hugo ?

lundi 19 octobre 2009

Ooooh Susie Q !


Moi, c'est Susie. Comme Susie Q. Paquita hésite encore : elle m'appelle aussi Peggy Sue... Une chose est sûre, je m'amuse énormément dans cette nouvelle maison. Après ma petite cage de la clinique vétérinaire, c'est un vrai palace avec des piles de livres par terre, des fils électriques, des lacets de chaussures. Mieux que les montagnes russes de Coney Island ! Et quand j'ai fait la folle, je tombe de fatigue n'importe où. Dans la main de Paquita si possible, et elle n'ose plus bouger. Elle m'enveloppe d'une écharpe rose en mohair parce que je ne suis qu'un bébé. C'est top ! Si je me débrouille bien, elle continuera quand je serai adulte. La nuit, je dors dans son lit et je lui lèche le nez. D'accord, quand je fais ça, elle me met en sandwich entre la couverture et le boutis, ce qui est à peu près le summum de sa sévérité. Je n'ai pas fini de rire, c'est moi qui vous le dis !

dimanche 11 octobre 2009

J'ai testé pour vous...

le gyrotonic, une machine très étrange avec des poulies, des harnais, des manivelles qui ressemble à... rien ! Si elle n'était en bois clair, joliment polie à la scandinave, on pourrait l'imaginer dans une officine de l'Inquisition, prête à faire avouer quelque crime majeur à qui l'enfourcherait. "J'ai mangé une tartine avant d'aller communier et j'ai aimé cela !!!"Mais quoi de plus rassurant que la caution nordique ? L'innocence faite chevalet de torture. Mieux même, quelqu'un a inventé ce surprenant instrument pour nous faire du bien. Il permet en effet de pratiquer des exercices qui se rapprochent de la natation, mais hors de l'eau ! De l'aquagym au sec. Même amplitude des mouvements, même douceur, même travail sur la souplesse et l'harmonie, mêmes courbatures le soir et le lendemain. Une minuscule et délicate Japonaise m'a initiée hier, toute surprise par l'amplitude de mes mouvements -non je ne suis pas taillée pour être une geisha !- qui m'ont donné une extraordinaire impression de liberté et une agréable fatigue. Si, comme je le crois, je ne me retrouve pas bloquée avec un lumbago atroce dans les jours qui viennent, j'essaierai de panacher mon pilates de ces séances de natation aérienne.

jeudi 8 octobre 2009

Tristes comiques


Parmi les poncifs préférés chez les acteurs, il y a le mythe de Molière si-désespéré-sous-le-rire- factice-du-clown. D'ailleurs j'exècre les clowns.Quand j'étais petite ils me terrorisaient et depuis, ils m'horripilent avec leur prétention à appréhender le désespoir inhérent à la condition humaine et son absurdité. Vous savez les comiques, en fait, ils sont tristes. Et les clowns sont nos plus grands philosophes. Quoi de plus magnifiquement grinçant que Michel Serrault dans La Cage aux Folles ? De plus poignant que Dany Boon, le postier amoureux d'une fleur, dans Bienvenu chez les Ch'tis ? Aaah le rire du "petit" écrasé par le destin, le grand capital, l'autobus !
Ce sont les affiches d'un film sur les colonnes Morris qui ont déclenché ma ire : Rose et Noir, de et avec Gérard Jugnot. Il est là en barboteuse louis-quatorzième, le maquillage blanc avec deux confetti roses sur les joues et son merveilleux regard lourd de cocker maudit sous le khôl de l'artiste pour qui the show must go on. Peut-être se meurt-il ? Peut-être est-il cocu ? Peut-être les deux à la fois, sans parler de son basset artésien qui perd ses poils, de son marcel qui gratte et de la propriétaire qui réclame ses sous... Mais on s'en fout ! Qu'il meurt sur scène s'il trouve ça beau et intéressant. Ce n'est pas parce que, de Molière, on a pris la mort et les cornes que l'on a le talent. Le plus terrible est que rares sont les comiques qui ne se croient pas obligés de faire ce détour par la case "Je souffre donc je suis" et "j'ai un cœur gros-comme-ça" à réserver en priorité aux émissions de Patrick Sébastien, le chantre de l'échangisme métaphysique sous le rire du gras-qui-tache. Et tellement généreux avec ça ! Beurk !

samedi 19 septembre 2009

L'autre French Paradox


Enquêtes tous azimuts autour de l'élégance, qui débouchent sur l'hygiène, le soin, l'attention et c'est juste consternant.
Un spécialiste de la mode me déclare que ce qu'il retient de plus fort après quarante ans de ce métier est la saleté des Français : hommes politiques et hommes d'affaires aux plus hauts niveaux ne sont que rarement "soignés". "Ongles sales, cols et poignets de chemise pas nets, dents douteuses, cravates où l'on peut lire le menu de midi... ou d'avant-hier !" Sans parler des vestes mal taillées aux manches trop courtes, des chaussures pas entretenues, ni des pantalons trop longs. Ce qui n'arrive jamais aux Etats-Unis, au Japon et en Italie.

Hier, j'interroge un orthodontiste et il se lance dans le récit effroyable de dentitions en désordre, de plaque dentaire, de tartre teinté au thé, à la nicotine, au vin et l'haleine de rat qui va avec ! Chez des grands patrons, PDG de multinationales. Alors oui, les soins dentaires c'est chiant, douloureux, cher, dans le sens que l'on veut, par ordre des priorités de chacun mais la base de toute cette crasse est dans le manque d'éducation dès la maternelle. On trouve fascinant de donner aux enfants des cours d'anglais -"le petit Louis est to-ta-le-ment bilingue!"- mais l'hygiène minimale, on s'en fout. La preuve ? Il faut apprendre aux gens à se laver les mains, leur expliquer que c'est essentiel pour ne pas transmettre les gastro-entérites et la fameuse H1N1 ! C'est du moins ce que m'ont dit des épidémiologistes :"si vous arrivez à faire comprendre aux lecteurs qu'il FAUT se laver les mains, on aura déjà fait un gros progrès". Pasteur, reviens ! Demain je vous parle des toilettes de TGV déjà sales au premier départ du matin de Paris !

samedi 12 septembre 2009

Hectic, isn't it ?



La journée avait commencé au château à s'extasier sur 640 espèces de tomates différentes : aaah la Green Zebra de Tom Wagner, grand accoucheur de solanacées sous le soleil ! Les noires, les bleues, les énormes, les microscopiques... un monde fascinant qui mènent directement à celui des pommes de terre et même aux dahlias dont je ne peux que penser que le principal intérêt est la violence des couleurs qui les rendent perceptibles aux vieilles personnes. Le dahlia n'est pas noir malgré ce que les amateurs de polars s'imaginent, c'est surtout jaune à faire grincer des dents, orange Seventies et pourpre, avec des pétales sans douceur ni velouté, drus et raides comme un balai de chiottes. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, on peut en grignoter les racines (rhizome ou tubercule, that is the question !). Arrivée à 10h30, à 12h30 j'envoyai des SMS comme autant de bouteilles à la mer pour que l'on me sauve de ce potager ravissant dont la visite suivait celles d'œuvres d'art conceptuelles sur l'écologie, pas toutes moches mais plutôt convenues : vous savez les emballages en PET (polyéthylène téréphtalate) compactés, entourés d'un bolduc façon cadeau de l'humanité à la nature ? C'est sûr, tout le monde est d'accord et je sens bien que cette réflexion va quelque peu obérer (sublime verbe que seuls les Africains emploient encore avec naturel) ma réputation mais une vingtaine du même tonneau, c'est comme les tomates, on les adore mais... Donc retour à la capitale après ce bol d'air pur et ces sous-bois couvert de cyclamens sauvages, et le soir, cap sur La Courneuve pour Manu Chao à la fête de l'Huma, pas celle qui encombre la nature avec son PET (ou si !). On a failli se faire piétiner par une foule que personne n'avait prévue : manque de bus, de service d'ordre et abus de barrières, grilles et goulots d'étranglement. Marsupilami Chao était en forme avec ses musiciens. J'ai entendu et chanté mes airs préférés, c'était top, jusqu'au moment où l'affluence est devenue telle que j'ai été poussée, portée, agrippée dans une sorte de flux irrésistible, trop-plein se déversant par une entrée bien trop étroite. Dans l'instant je me suis écrit plusieurs nécrologies rapides genre "incendie du Bazar de la Charité", "effondrement de la scène au Macumba de Palavas" et finalement je me suis retrouvée dans la fête de l'Huma, la vraie avec des orchestres qui jouaient de la samba, de la salsa... j'ai raté le musette, mais le faux Gilberto Gil sous la tente de Choisy-le-Roi était parfait et le Compay Segundo des 50 ans de la révolution cubaine aussi ! Je ne parlerai du retour en RER que lorsque je m'en serai remise !

vendredi 11 septembre 2009

Grand écart

Journée sous le signe de la tomate : sablé à la tomate, gougère à la tomate, sorbet à la tomate, saumon à la tomate, chocolat à la tomate...

Non, je ne deviens pas obsessionnelle, je reviens du château de la Bourdaisière, le conservatoire de la tomate du (très charmant, et c'est vrai en plus) Louis-Albert de Broglie, peut-être pas Louis-Albert, toute cette tomate m'a grippée les synapses, bref le bien connu "Prince Jardinier". Bien connu des lectrices de magazines féminins chics.
Madame Figaro, première époque, celle de Marie-Claire Pauwells, fille de son père, remplacée par une improbable superstructure (enfin super, c'est un grand mot) sur fuck-me-shoes, couronnée d'une choucroute prise dans l'ouragan Katrina. Du temps où nous jardinions encore en Hermès et nous adorions les vestes autrichiennes. Je me moque mais c'est tellement pire depuis, que j'en viendrais presque à m'offrir les œuvres complètes des Triplés en souvenir. C'était niais. C'est devenu vulgaire, du vieux Cosmo regurgité pour Neuilly. C'est dans les vieux Cosmos qu'on fait les meilleurs "sexo-tests" : Bombe ou éteignoir, quelle amante êtes-vous ? Bref, je m'égare : la tomate me monte au cervelet et me ronge. Il faisait beau, j'ai rencontré une bande de femmes géniales -oui je dis "femmes", il me semble avoir passé l'âge, et elles aussi, de dire "filles"- et ce soir, grand écart, je vais à la fête de l'Huma pour écouter Manu Chao.
Elle est pas belle la vie ?

mardi 8 septembre 2009

Jesusa Puma

Je ne sais pas pourquoi j'y pense, mais, parmi les rencontres faites au cours de mes reportages, une des plus jolies a été celle d'une Quechua assise au bord d'un chemin en train de broder. Oui, je sais, c'est la deuxième fois que j'écris sur la broderie; demain, promis, je parle de confitures... Elle avait ces jupons superposés des femmes au Pérou qui se balancent comme des tutus de petits rats de l'Opéra lorsqu'elles marchent, et qui, dans cette position, étaient curieusement bouffants, révélant encore plus de jupons multicolores. Elle ressemblait à une vieille petite fille, installée ainsi sur le sol, les jambes allongées devant elle comme aucun adulte ne tient plus de deux secondes et comme les enfants restent des heures à jouer. Impossible de deviner son âge tant le vent des Andes et le soleil avaient tanné la peau de son visage. En fait, elle était sans doute plus jeune que moi... Emerveillée par son habileté au crochet, je m'arrêtais pendant que mon photographe, totalement conquis lui aussi, la prenait en photo. Je lui parlai espagnol, langue qu'elle ne devait employer que rarement, mais je parvins à lui acheter un beau ruban brodé de perles et lui demander son nom. Elle s'appelait : Jesusa Puma. Je ne crois pas avoir jamais entendu de nom plus extraordinaire que celui-ci, Jesusa Puma, et, de sa petite voix flûtée, elle me dit alors :"Gracias Mamacita !"J'ai gardé le ruban qui ne me sert à rien d'autre qu'à me rejouer la scène et réentendre la petite voix : Gracias Mamacita !

vendredi 28 août 2009

Désespoir


Hier, café au Flore avec une amie et consœur (oui, c'est compatible parfois). On parle boutique, notre métier que l'on aime tant et elle m'assène cette nouvelle règle du jeu qui m'a laissée sans voix, mais je suis une naïve :"Entre le meilleur papier possible sur un sujet, celui qui donne envie au lecteur d'en savoir plus, qui le fait se sentir plus intelligent et des photos de Paris Hilton à Las Vegas avec des légendes débiles, que crois-tu qu'un directeur de rédaction va choisir ?" Si c'est vrai, et je crains qu'elle n'ait raison, je n'ai plus qu'à me mettre à la broderie. J'ai dans une armoire une nappe magnifique sur laquelle mon grand-père avait tiré des fils pour que ma mère y fasse des jours. Je me souviens y avoir travaillé quand j'étais malade, enfant. Elle est en tissu blanc damassé, tellement grande que je pouvais tirer l'aiguille dans un coin, ma mère dans un autre et parfois une de mes sœurs nous accompagnait. Je pourrais aussi m'inspirer des ipomées sur mon bord de fenêtre pour faire des guirlandes sur un drap, entre japonisme et Art Nouveau. Il ne me reste plus qu'à trouver le coton du bon bleu et oublier que j'aime écrire...

mercredi 26 août 2009

De profundis


Aujourd'hui (ou hier) mort de Ted Kennedy, devenu un digne vieillard, dernier survivant de la célèbre fratrie, le seul à avoir échappé à une mort brutale. Je n'ai pas encore lu les nécros qui devaient être prêtes depuis longtemps, donc je ne sais pas si l'on rappelle l'épisode Chappaquiddick avec la malheureuse Mary Jo Kopechne noyée à la suite d'un accident de voiture, dans des circonstances si floues qu'elles ont coûté à Ted ses ambitions présidentielles. Avec les années et toutes les tragédies qui ont continué à s'abattre sur les descendants de Jo et Rose Kennedy, il a retrouvé la sympathie du public. Il a fallu des suicides, des cancers et des amputations, pour qu'il devienne le "sénateur Kennedy", le vieux sage démocrate qui avait quelque chose du sourire de John et de Bob et qui est sorti de son silence (et de l'hôpital peut-être également) pour venir soutenir Obama. Rien que pour ça, merci ! Mais une page achève de se tourner. Hyannis Port a perdu aujourd'hui toute signification, ce n'est plus la cour, le point de rencontre de tous ceux qui comptaient. Tout au plus les ruines d'une famille anthropophage, avec un vieux milliardaire pro-nazi en Saturne dévorant ses enfants, et sa femme qui jamais ne les défendit.Tous furent sacrifiés à la réussite sociale, leurs fils, leurs belles-filles et même une fille, lobotomisée pour qu'elle ne dérange pas leurs ambitions. C'était l'époque de l'eugénisme, des stérilisations forcées des pas beaux, pas intelligents et pas riches. Nous voici loin du "Happy birthday Mr President" de Marilyn, non ?

dimanche 23 août 2009

Vacances


Long time no see ! Pour la première fois depuis pas mal d'années, je me suis pris de loooongues vacances. Enfin, longues, pas deux semaines comme l'été dernier. Trois semaines, et sans doute des rallonges. L'explication à ce délire quasi-orgiaque est que ma situation professionnelle est en train d'évoluer... ça, c'est pour être à la fois politiquement correcte et énigmatique comme le sphinx que je rêve d'être. Je serai plus claire une autre fois mais disons qu'il y a du changement dans l'air et que cette pause estivale m'a fait un bien fou. L'image de Snoopy campeur qui se grille des saucisses sur un feu de camp, c'est juste l'enseigne d'un boucher-charcutier au marché couvert de Soulac s/mer. Rien à voir avec moi dont le sens du confort est un sujet de moquerie dans mon entourage, genre "Camper ? Toi ? Oui, dans une tente 5 étoiles avec et lit en 2m et salle de bains au milieu du bushveldt" . Non, je ne suis pas sportive et j'assume !

mardi 28 juillet 2009

Alive and well


L'autre matin, découverte de la bibliothèque du Quai Branly, musée dont je ne connaissais que le restaurant, Les Ombres, pour un diner avec des responsables du tourisme de la région Maryland-WashingtonDC-Virginie, absolument exquis. Les responsables et le diner et la vue imprenable sur la tour Eiffel. Je cherchais ZE bible des tatoueurs, l'irremplaçable Karl von den Steinen, si ! si ! lui-même, XIXe siècle pur jus, avec des dessins, des gravures et un texte fascinant qui commence par la découverte des îles Marquises par les Espagnols. Leur stupéfaction devant les labores (travaux d'aiguille) sur la peau. Malheureusement, cet ouvrage de référence absolue, dont même mes tatoueurs de Moorea dans leur ivresse post-ce-que-vous-voulez ne se séparaient jamais, n'est plus édité qu'à Papeete, d'où une diffusion quelque peu confidentielle. J'ai fini par mettre la main sur l'exemplaire parisien, celui du Quai Branly où il est en consultation libre. Quatre ou cinq bibliothécaires-documentalistes attendaient le chaland qui se fait très rare en cette fin juillet et la salle de lecture était pour moi avec ses baies vitrées sur Paris, ses grandes tables où poser livres, ordis, cahiers... Le bonheur, quoi ! J'ai pris des notes, sélectionné les images les plus explicites, enchantée de sentir mes neurones se remettre en route. Où ai-je lu que c'était la joie pure du "flux" ? Avoir une activité avec laquelle on se sent en plein accord. Du "flôt" ? Flow ? Peut-être chez Mihaly Csikszentmihalyi (j'avoue, j'ai recopié sur le dos de Vivre). Mais c'était exactement ça et c'était formidable de se sentir vivante... alive and well in Paris !

dimanche 26 juillet 2009

Petit, petit !

Et si on se mettait un petit Randy Newman pour changer ? Depuis quelques jours, j'ai un air qui me trotte dans la tête et qui fait suite, logiquement, à mes imprécations anti-toxiques : Short People. Non, pas une déclaration de haine à Mimie Mathy (quoique...) ni à l'humanité "verticalement déficiente", mais une véritable exaspération à l'égard des petits dans leur tête qui voient le monde entier à l'aune de leurs petitesse. Qui, je le répète, n'a aucun rapport avec les centimètres ou le QI. Quoique...
Short people got no reason
Short people got no reason
Short people got no reason
To live

They got little hands
Little eyes
They walk around
Tellin great big lies
They got little noses
And tiny little teeth
They wear platform shoes
On their nasty little feet

Well, I dont want no short people
Dont want no short people
Dont want no short people
`round here

jeudi 23 juillet 2009

Coffee Table

Connaissez-vous le Dr Wayne W. Dyer ? Sans le savoir, j'étais, depuis plusieurs années, l'heureuse propriétaire de son jeu de 50 cartes, The Power of Intention. Aucune idée de celle qui me l'a offert, une femme me semble-t-il, mais j'hésite entre deux. Je crois me souvenir qu'elle l'avait reçu, ne savait qu'en faire et avait pensé, fort justement "c'est bien un truc pour Paquita qui croit aux psys et au Père Noël". Sauf qu'à l'époque, je n'avais pas eu le temps, ni le degré suffisant de crédulité qu'elle me prêtait et je l'avais mis dans un coin de ma bibliothèque. L'autre jour, alors que je faisais des coupes sombres dans mes livres, tout particulièrement l'espèce dite coffee-table-books, j'ai retrouvé ces cartes. Je les ai battues et je suis tombée, comme ça, au pif, sur Attract the Right people. Lumineux, non ? C'est fait, j'ai atteint le degré de niaiserie que cette personne subodorait et j'ai décidé, justement, de ne plus la considérer comme faisant partie de mon cercle d'intimes. Out les toxiques ! Dehors les polluants ! Quand on est touché jusqu'à la moelle des os par Leonard Cohen, on jette les coffee-table-friends. Hier, j'écoutais David McNeil, Papa jouait du Rock'n'Roll, lui non plus n'est pas fait pour les tables basses, entre un livre Taschen sur les pin-ups et Le Monde 2.

samedi 11 juillet 2009

Elégance


Toujours dans l'after-Leonard Cohen, tant il est difficile de revenir au niveau habituel de ce que nous sert la télévision ou la radio. Johnny au Champ-de-Mars pour le 14 juillet ? Père, éloigne moi de ce calice ! Il y avait quelque chose de profondément poétique dans ce concert, malgré la salle, Bercy, avec ses carrelages bleus ou rouges aux murs, dignes du métro Hôtel-de-Ville. C'était la tenue même de LC, droit sorti des Nighthawks d'Edward Hopper, comme en écho à l'affiche de Public Enemies où l'on aperçoit Christian Bale à l'ombre de son chapeau mou.

mercredi 8 juillet 2009

Fêlures


"There is a crack, a crack in everything,
That's how the light gets in."
Hier soir, alors que le monde entier suivait les obsèques à grand spectacle de Michael Jackson, j'écoutais Leonard Cohen en concert à Bercy, tout petit sur la scène si loin, et pourtant extravagament présent. Si je connais presque par coeur la plupart des chansons qu'il a interprétées, comme une grande partie du public présent, c'était la première fois que je le voyais et surtout que j'entendais cette voix grave ciseler des mots que j'aurais aimé écrire. La poésie est un exercice qui mène facilement au ridicule et/ou à l'indigent. La langue française s'y prête moins que l'anglais, me semble-t-il et j'ai toujours une intense frustration à l'écoute de phrases simples mais puissantes, elliptiques mais pleines, rondes, riches, lourdes comme une grenade dont les grains rouges s'échappent. Ce ne sont pas juste des phrases qui s'envolent mais des univers qui s'essaiment, ou, comme il le dit, une lueur qui s'infiltre par une fêlure. Je me suis pris plein de lumière hier soir par mes innombrables fêlures qui, malgré ce que l'on pense souvent, ont leur utilité.

vendredi 3 juillet 2009

Me geek, you nerd ?

Bon, je me lance... application de mon stage de scénarisation du web, avec découverte des infinies possibilités d'Apture.com. En principe, je devrais rendre la lecture de mes bêtises beaucoup intéressantes ! Par exemple, je vous parle de Michael Jackson et là je veux vous faire partager mon admiration sans borne pour le moonwalk, surtout depuis que je sais que Balladur aussi est un moonwalker contrarié. Là je vais vous permettre de voir un petit film, non pas de Balladur moonwalkant, ça je crois que même Apture ne l'a pas ce qui est infiniment dommage si l'on pense à ses chaussettes rouge cardinalice, mais de M.J. sur Billie Jean par exemple.

dimanche 28 juin 2009

Au pays des vaches roses


Je n'avais pas de photo qui collent avec mes dernières divagations et voici que la Gay Pride me fournit du violet-violine-parme-mauve, et j'aime penser que ces improbables créatures sont des geeks en semaine. Divagation au sens calédonien avec les panneaux routiers "Attention, vaches en divagation", ou quelque chose de ce genre qui m'avait amusée à l'époque et qui rejoint une histoire que l'on m'a racontée il y a peu de temps : dans le pays de Caux, aux Petites Dalles tout particulièrement, il arrivait que les vaches qui paissaient sur les hautes falaises de calcaire tombent sur les galets, trente mètres plus bas. Cela fait partie des souvenirs de tous ceux qui ont passé des vacances à essayer de faire des patés avec des galets de silex, des cadavres de veaux ou de vaches, à moitié mangés par les corbeaux, les mouettes et les crabes. Récemment, j'ai rencontré quelqu'un qui avait tâté du galet tout petit et qui me donna une explication surréaliste :"Vous savez que les vaches tombaient à l'automne, non ? -Comme les feuilles mortes ? -Mais non à cause d'une champignon hallucinogène qui poussait à cette saison et elles se jetaient dans le vide!" Le Pays de Caux a inventé le LSD pour les troupeaux, celui qui donne aux robustes Normandes l'impression grisante d'être un colibri !

mardi 23 juin 2009

Le retour des geeks

Nouvelle journée en sous-sol sur patio (patio c'est la caution "art de vivre" des entreprises aujourd'hui) avec nos geeks pour une initiation à l'écriture web. Devenue la reine de l'hypertexte en quelques heures, je crois que je vais émailler mon blog de petites trouvailles drôlatiques pour toi, public aimé ! Honnêtement, c'était intéressant, bien plus que la dernière session mais en sortant de là, j'avais quand même les yeux injectés de sang. Donc retour en bus après une petite marche pour tout oublier et là, jolie surprise, une symphonie en violet, assortie au "valideur" de passe Navigo : une micro Italienne très laide (non, elles ne ressemblent pas toutes à Monica Belucci dont je pense qu'elle aurait beaucoup plu à Ingres) avec un pantalon de lin violet, une Indienne magnifique avec une veste courte en daim violet et des chaussures de la même couleur, aux talons improbables, genre meuble scandinave des années 60, une étudiante dont la monture de lunettes était violette aussi, une femme avec un foulard retour de Katmandou, une sportive et son polo parme... c'était ravissant. Il y avait aussi une sorte d'ogresse au crâne cubique, cheveux courts gris acier, qui mâchait son chewing-gum la bouche ouverte, une bouche aux lèvres améthyste. Nettement moins ravissant.

lundi 8 juin 2009

22 V'là les geeks !

Hier, irréelle journée de formation sur ce nouveau monde 2.0, sur cet univers riche d'échanges entre internautes, de tête-à-tête torrides avec des écrans grands et petits, portables ou non dans la rue, le métro, le bureau, la maison... On ne quittera plus du regard icônes, widgets, liens, bulles et clouds qui s'activent, pop dans tous les sens, nous emmènent de blog en site, de Drudge Report en Apture, de Delicious en saas. Impossible d'accepter l'idée de perdre une miette de ce gâteau infini qui s'étend à la terre entière, elle pourrait être essentielle à notre... bien-être ? Non certainement pas. A calmer (ou nourrir) notre angoisse de passer à côté d'un je-ne-sais-quoi qu'un(e) autre trouverait. Comme Tarzan, on peut passer d'une source d'information à une autre, d'un réseau social à la Facebook à Netvibes, ma veille automatique et gratuite. On y trouve tant d'infos qu'il ne sera plus utile de rencontrer qui que ce soit, ce sera du journalisme le cul vissé à son siège et les yeux injectés de sang à force de fixer notre petite flèche noire. Non, ce n'est pas un mythe : l'ordi fatigue les yeux car nous ne cillons pas assez, hypnotisés par les performances de cet encombrant outil protéiforme dont nous sommes de moins en moins maîtres. Il nous accompagne partout et nous envoie des signaux d'ALERTE en cas de news importante qui tomberait dans ce flux gluant comme le slime dans Ghostbusters et qui ne cherche qu'à nous engloutir.

vendredi 5 juin 2009

Down under


Après un vrai coup de mou, me voici back on top. Back off tracks. Je descends du bus et sous un arbre une corneille croasse -oui "coasse", c'est la grenouille- en se débattant avec un sac en plastique, noir comme elle. Et je souris en me souvenant que les Aborigènes des environs de Melbourne appellent les corbeaux, des "waah". Onomatopée qui m'enrichit de ces irremplaçables riens que je glane au fil de mes voyages et qui me font du bien. Je revois cette balade le long de la Yarra avec une guide aborigène qui m'explique la pharmacopée traditionnelle, l'imperceptible poids écologique de son peuple sur la planète et tous ces waah se disputant des restes de biscuits oubliés par des enfants. Je revois les équipes d'aviron, ces garçons qui me rappellent les miens, juchés sur des rollers ou des skates, les murs des alleys couverts de grafitti très sophistiqués. J'ai adoré l'Australie sans bien savoir ce qui m'y plaisait particulièrement. Le grand air peut-être. Les espaces sans fin. Les Australiens qui vous indiquent un lieu "juste à droite après le carrefour" et qui s'avère à 50 km. Comment traduire easygoing ? C'est cela dont j'ai besoin.

mercredi 13 mai 2009

Un peu de douceur


Ce qui est sans doute le plus étonnant à Moorea, et dans le reste de la Polynésie j'imagine, c'est la grâce infinie de ses habitants. Et leur gentillesse extrême. Arrivant d'un monde où la fraternité minimale semble en voie d'extinction, où l'agressivité gratuite remplace peu à peu la politesse, ces sourires sont un miracle. Il y a bien des explications à cette dureté nouvelle, en particulier le sentiment d'être menacé, la peur de l'avenir, l'impression d'injustice que sais-je ? Je suis agressive aussi malheureusement. C'est pourquoi le petit massage des épaules que m'a fait l'hôtesse de l'air comme ça, pour rien, parce que l'avion tardait à décoller (5 heures quand même !) a été une délicieuse surprise. Et ce n'était que le début : au cours de mon reportage, j'ai retrouvé bien des fois cette attention à l'autre qui est plus qu'une simple amabilité car je suis la journaliste qui... L'autre surprise est la beauté des Polynésien(ne)s. Oui, on voit des obèses, oui, ils se goinfrent de barres Mars et de chips, oui, il y a du diabète mais on croise aussi de véritables miracles de grâce et d'élégance. Des silhouettes souples, des visages pleins de douceur et un éclat rieur dans le regard. Si j'ajoute la fleur de tipanier derrière l'oreille ou l'hibiscus, franchement c'est mieux que le walkman à Châtelet-Les Halles, non ?

vendredi 8 mai 2009

Vous reprendrez bien un pack ?


Taniera, mon premier tatoueur, me donna, dans le flou et le désordre, des renseignements sur la symbolique des dessins et celle des emplacements. "A gauche, c'est féminin. A droite, masculin". Ah bon ? "Moi si j'ai ma jambe droite entièrement tatouée c'est que mon père est mort lorsque j'étais tout petit et que j'ai perdu un de mes deux piliers. " Si je voulais un tatouage à la base de mon pouce droit, c'est que j'avais envie de gifler un de mes fils. Euh, non ! Après cette séance qu'il avait l'air de vouloir poursuivre en tête-à-tête, je partis à la recherche d'un autre artiste du tatau. On m'avait parlé d'une brochette d'artistes célèbres dans le monde entier : Chimé, Roonui et Purotu. Les deux premiers étant installés l'un en France et l'autre au Canada, je me mis en tête de dénicher Purotu. Je me rendis donc au "cabinet" qu'il partageait avec deux de ses frères où je fus accueillie par un être échevelé à la tignasse de rasta, une bouteille de bière Hinano à la main, un ou deux packs dans l'estomac et je-ne-sais-quelle substance peu licite qui lui fusillait tous les circuits. Fébrile et incapable de parler, il me montra la photo de son frère sur l'écran de son ordinateur. A côté de lui, vaguement plus éveillé, le même en version schtroumpf m'expliqua que le seul capable de répondre à mes questions était bien le grand Purotu, actuellement rentré à la maison... Le reste du séjour s'est passé ainsi : j'apparaissais sur le seuil de leur cahute et je voyais trois ou quatre vieux enfants pris la main dans le sac, aux deux tiers ivres et dissimulant sans doute dans leur dos un pétard gros comme un fagot. A chaque fois, ils me souriaient de leurs bouches édentées et s'excusaient parce que Purotu m'avait attendue ce matin mais là, il était retourné à la maison ! Je me demande encore avec quel dessin sont repartis les malheureux touristes venus se faire tatouer une raie sur l'épaule.

mercredi 6 mai 2009

Mon beau tatoué


Une des recherches les plus absurdes, et les moins productives, de mon reportage à Moorea, a été la course aux tatoueurs. Comme je l'avais lu et comme on me l'a confirmé sur place, le tatouage fait partie des revendications identitaires fortes des Polynésiens, avec la pratique de la langue reo ma'ohi et de la danse. Surtout dans des îles soumises à la règle française de la centralisation et du nivellement par Nos ancêtres les Gaulois, après le passage des missionnaires protestants qui les avaient dissimulés sous des housses en tissu de rideau pour oublier toute lascivité condamnable ! Donc je voulais rencontrer quelques uns de ceux qui ont refait de l'île un haut lieu du tatouage et qu'ils m'en parlent. Tout a commencé par Taniera, sorte de grande araignée volubile et confuse, qui passait des considérations les plus enfumées (et je pèse mes mots) à des fulgurances que j'attrapais au vol et notais en vrac sur mon cahier. Ce qui l'intéressait surtout était de savoir si j'aimerais me faire tatouer et où, car l'emplacement est important. Ayant cette idée en horreur mais comme il avait lui-même un tatouage à la base du pouce gauche, je prétendais être tentée par la base du pouce droit (nous étions en face l'un de l'autre). Après m'avoir entraînée à l'écart, il me raconta alors l'histoire de sa mère, morte dans son sommeil alors qu'il dormait contre elle et de cette douleur infinie qui l'avait saisi à cet endroit précis, là où elle lui tenait toujours la main, au moment précis où elle s'était éteinte. Ce qu'il ne réalisa que plus tard. Et ce tatouage qu'il avait transformé au fil des années pour le rendre plus banal, lui rappelait qu'il n'allait jamais sur sa tombe. "On me dit "elle est jolie ta raie" et je pense que je ne vais jamais la voir".

mardi 28 avril 2009

Coquillages et crustacés


Petit coucou de Moorea, l'île jumelle de Tahiti, où j'achève un reportage qui m'a appris, entre autres, que j'avais le sang sucré. En clair, cela veut dire que je suis couverte de piqures de moustiques des orteils aux cheveux, sans compter quelques morsures de nonos, bestiole antipathique dont j'avais déjà croisé les mandibules à Sainte-Marie, près de Madagascar. Ce qui est bien, c'est que l'image tartouille d'île paradisiaque pour honeymooners friqués exaspère les Polynésiens autant que moi. Et ils ont bien raison car il y a beaucoup plus à dire sur eux que ces histoires mièvres de vahinés et de colliers de fleurs, d hôtels de luxe et de plage. J'y reviendrai ! Détail amusant à propos des honeymooners : les couples Japonais qui viennent se marier ici, comme ils le font aussi en Nouvelle Calédonie, ne couchent jamais dans le même lit ! Ils leur faut toujours des lits jumeaux et les hôtels Sheraton qui n'en ont pas ont beaucoup de mal. D'ailleurs, s'il n'y a pas de twin, la jeune mariée couche sur le canapé... C'est beau l'amour !

lundi 13 avril 2009

L'année prochaine à Malacca

Il parait que le skipper du Tanit était un idéaliste qui aimait la mer, l'Afrique et la paix... Ce sont les paroles de son père et, en ce sens, je les comprends tout à fait, mais qu'y-a-t-il d'idéaliste à partir avec femme et enfant de trois ans dans une des eaux les plus dangereuses du monde ? Qu'y-a-t-il d'idéaliste à braver les avis des spécialistes ? A croire que les pirates (les avalanches, le ralentissement des réflexes au volant post-biture, la varape sur les flancs d'un volcan en éruption et la descente des chutes d'Iguazu en baignoire de fonte..) c'est toujours pour les autres ? Et si j'ai envie, moi, d'aller faire du trekking dans les zones tribales d'Afghanistan ? Et si mon romantisme me pousse à emmener ma petite famille en camping chez les Pachtounes ? Et puis j'aime la paix, d'ailleurs je l'ai écrit sur mon tee-shirt, la voile de mon bateau et les couches de mon bébé. La prochaine fois, aaah non ! il n'y aura plus de prochaine fois pour notre jeune informaticien de Vannes... Dommage pour le gamin qui va devoir grandir sous la photo de son héros de père qui "est allé jusqu'au bout de son rêve" comme l'écrit finement le JDD. Il aurait peut-être préféré un papa à la Dirty Harry célèbre pour cette maxime: "Le vrai sage est celui qui connait ses limites, lieutenant!" Aaaah Clint !

samedi 11 avril 2009

Joyeuses Pâques !


Tentation ce matin de continuer dans la veine "Mycoses et salmonelles, récit d'une intégration réussie au bureau". Ou bien " Liberté et indépendance d'esprit en milieu journalistique : où aller si on ne ressemble pas à une golden calibrée ?" Mais aujourd'hui, c'est Samedi Saint et je préfère penser à Pâques, au soleil, au jaune éclatant des jonquilles et des palmes des Rameaux en Espagne, avec le sable des plages où l'on risque un premier orteil. Noël est un ravissement à l'avance, dans ses préparatifs, l'envie de trouver les cadeaux qui vont plaire, les décorations et avec un peu de chance, la neige. Pâques n'est pas dans l'anticipation, c'est le sacre du printemps, l'arrivée des beaux jours, la nature qui exulte, la nécessité de faire, de s'accomplir après des mois de latence. Finies les bonnes résolutions, aujourd'hui, on y va ! Ce rendez-vous que l'on envisageait vaguement, on le prend. Cette décision de se débarrasser de ce qui nous encombre, matériellement et/ou psychologiquement, on la prend aussi. La lourdeur hivernale nous lâche enfin.

"Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
« Le temps a laissé son manteau!
De vent, de froidure et de pluie, »
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
Chacun s'habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau."

Charles d'Orléans
(1394/1465)

vendredi 10 avril 2009

Savoir Vivre au bureau

Et si mon expérience de "journaliste blanchie sous le harnois" servait enfin ? Si je délivrais quelques unes de ces découvertes cruciales faites au fil de mes séjours dans des rédactions d'ici ou là ? La dernière est toute récente, c'est ce qui a fait dire à une amie que je ne comprends rien et, surtout, que j'oublie tout. Elevée dans une sorte de style (staïle of course) Never explain , never complain, j'ai toujours évité de mêler professionnel et personnel. Donc globalement je ne parle de moi que pour dire que tout va bien. "Mieux ce serait trop" est ma réponse classique à la question "ça va ?". Erreur ! Erreur totale ! La règle d'or dans un bureau, de femmes peut-être, est de complain et d'explain, sans retenue. Sinon, c'est de l'arrogance. Je pense donc à écrire un manuel des vraies bonnes manières au travail, pas ces conneries qui me font être regardée de travers. Il est essentiel de se plaindre de son travail (trop dur, trop mal payé), de son mec (ou de son manque de...), de ses enfants (toujours tellement décevants ou totalement superflus), de ses finances (aaah mon découvert et mon banquier, un vrai salaud celui-là). Sans oublier sa santé, du bonheur et de la convivialité à l'état pur : ma pharyngite, mes antibios, l'incompréhension du médecin devant ce phénomène inédit de mal de gorge en hiver, ma ceinture du Dr Gibaud et mon bobo au bout du doigt (bisou sur le bobo ?). Mélanger le tout à feu doux à ma peur de la descente d'organes, la couleur de mes expectorations et à mon ongle incarné et vous avez la clef de ce qui fait que les "collègues" (j'adore ce mot) vous co-optent. Récemment, dans un de ces moments de concorde et de douceur dont je m'exclus par mon attitude indescriptible (c'est-à-dire que je ne sais pas décrire, je ne me vois pas, girls !), j'ai eu droit à une description imagée et évocatrice de coloscopie. Vous savez le truc dont on ne parle même pas à sa mère ? Je sais tout sur la coloscopie d'une de mes voisines de dortoir et j'aime ça. Bon, là, comme je suis une petite délicate, je vais vous épargner le "lavement par l'intérieur" (je pense qu'elle voulait dire par le haut) grâce à cette boisson très salée qui fait "comme un siphon"... Je sens votre impatience à avoir plus de détails et j'essaierai de vous satisfaire mais cela prend beaucoup de temps et d'énergie de relater un récit de 15 à 20 mn denses sur un sujet aussi passionnant !

jeudi 9 avril 2009

Aimez-vous Fromm ?

Un jour, je suis tombée sur cette information extraordinaire : dans les couvents, les religieuses finissent par toute calquer leur cycle sur celui de la Mère Sup. Je schématise sans doute mais l'idée, c'est ça : elles ont toutes leurs règles en même temps que la "chef de meute". Et mon expérience m'amène à penser qu'il se passe la même chose dans certains environnements professionnels très fermés où existe une forte hiérarchie. Pas obligatoirement forte dans les textes mais une vraie domination psychologique basée sur la peur. Et là aussi, pas la peur de se prendre un coup de hache dans le crâne, juste la peur d'exister, de respirer, de penser seul. J'en reviens à l'une de mes obsessions favorites : Erich Fromm dont la lecture me rappelle toujours que la liberté, c'est comme la peinture à l'huile, c'est plus difficile mais tellement plus beau ! Un jour, un psychanalyste, le mien en fait, m'a dit de lire Escape from Freedom, livre épuisé, impossible à localiser dans les librairies de neuf et d'occasion. Je l'ai cherché partout, sans succès, des années. Et, un autre jour, un jeune homme m'a conseillé d'aller sur Amazon où je l'ai trouvé en anglais. Merci à lui. J'ai finalement vu pourquoi mon psy, mort depuis longtemps, pensait que cet ouvrage était pour moi et pourquoi je pleurerais beaucoup toute ma vie. De rage sans doute mais surtout d'incompréhension. C'est comme un message qu'il continue à me transmettre et cet accompagnement discret me rappelle l'intelligence et l'humanité de cet homme rare à qui j'aurais tellement aimé téléphoner hier soir. Give me Jack on the line, sur l'air du spiritual, Operator, Give me Jesus on the line !

dimanche 5 avril 2009

Tigre d'appartement


Qu'est-ce que vous dites de cet athlète ? Trois jours à patouiller cette fourrure, à l'écouter ronronner, à le voir mener sa vie, impavide... Bravo Oscar ! Il est temps que je renoue avec le chat en moi. A part ça, la Bretagne en début avril, c'est plus près du pôle nord que je ne le croyais. Partie avec trois débardeurs, un short et une jupette en coton, j'avais cru la météo qui prévoyait 18° l'après-midi et, comme je n'ai pas les poils de ce glorieux maine coon, j'ai redécouvert avec un rien d'incrédulité des sensations oubliées comme les orteils en bois et la moelle des os cristallisée, le lit-banquise et le vent coulis qui se faufile sous les couvertures entre les omoplates. Dommage qu'Oscar n'ait pas été du genre à se glisser dans mon lit...Viiite un chat pour la chaleur, les câlins, la beauté !

samedi 28 mars 2009

C'est grave docteur ?


Boys and girls, c'est le printemps ! Pas au mercure de mon thermomètre Toricelli mais dans ma tête. Cela ne signifie rien de sex et rock'n'roll, mais plutôt une légère euphorie "tornade blanche". Vous vous souvenez la pub pour, je ne sais plus, Mr Propre ? Bref après deux semaines au milieu des travaux pour remplacer une baignoire sabot fond rose Barbie par une douche magnifique avec petits émaux de Briare anti-dérapants au sol, après la poussière partout, les ponçages, les coups de propre ici et là pour rattraper neuf ans d'éclaboussures, de chocs, de fuites et de fissures, dans lesquels se lisait l'histoire de la famille (ah oui, la fois où j'ai arraché la fenêtre de toilettes de ses gonds d'un coup de tête ! Elle a sauté jusqu'à la porte et entamé le bois...)... donc, je suis prise d'une folie de nettoyage et rationalisation. Oui, je jette ces vieilles tasses dépareillées, le couteau électrique recouvert de cette pommade si particulière faite de fumées grasses et de poussières, les boites de thé jolie-jolies, les bocaux pour si... si je fais des confitures, ce qui arrive, juré, mais pas si souvent que ça, d'autant moins que mon nutritionniste me refuse tout sucre. Et le fouet à tapis dhuri, la pince à olives du Transvaal, le récure-moule à Kougelhof, l'essoreuse à cardamome, l'écumoir à gras de jambon et le cuddler pour œuf d'émeu. Entre les cadeaux de mariage idiots et les achats persos ineptes, les valises pleines d'épices improbables, j'ai ai ras les placards. Bon c'était ma pause "je ponce donc j'essuie" (je sais, c'est nul mais ça me fait rire, parce que ça l'est, nul), j'y retourne !

mercredi 25 mars 2009

Bienvenus à la poste

Ce matin, détour par la poste pour chercher une lettre recommandée avec AR. A 9h 20, trois des sept guichets étaient ouverts : celui réservé aux pros (pas moi clairement et personne d'autre quand j'y étais; le postier regardait pousser le ficus benjamina avec obstination pour ne pas voir la queue), celui consacré aux gadgets à la con, genre DVD, cartes postales et petites camionnettes jaunes Dinky Toys, qui ne vend même pas de timbres aux très vieilles dames branlantes et le dernier où un endormi de service prenait tout notre temps en plus du sien. Le guichet rapide spécial lettre et paquet recommandés était déserté bien sûr ainsi que trois autres. En fait, ce matin, seul un guichet fonctionnait normalement pour le public. Normalement c'est-à-dire à très petite vitesse. Ma lettre ? Aaah oui, une des belles occasions qu'aurait ma banque de ne pas s'attaquer à la forêt et de ne pas m'obliger à ce genre d'exercice...

mercredi 18 mars 2009

Guanyin, à l'aide !

Je vais essayer d'éviter le relent Baba-Canal-Historique, genre moi j'ai fait l'Afghanistan en stop en écoutant Sgt Pepper, mais bon...Une de mes plus belles découvertes, au cours de mes reportages entre l'Inde et la Chine, est Avalokiteshvara, appelé aussi Guanyin, bodhisattva de la compassion. J'en ai vu des statues d'une beauté parfaite, un visage d'une douceur miraculeuse, éclairé d'un sourire que l'on aimerait savoir faire, à défaut de le voir sur les lèvres de... Benoît XVI, pour ne citer que lui. J'ai vu aussi des foules africaines, des familles dont une génération avait disparu, laissant de tout jeunes enfants à la charge de leurs grands-parents. Alors oui, la compassion est une jolie vertu et je garde en mémoire cette statue d'une ineffable bonté des grottes sculptées de Dazu. Bonté ? Encore un gros mot ?

vendredi 13 mars 2009

Théories


Voilà ma pauvre Berthe toute enchifrenée à cause du Benoît qui ne l'est pas tant que ça, "benoît", surtout quand il s'agit de petite fille de 9 ans, violée par un beau-père récidiviste et enceinte de jumeaux. Entre les excommunications pour les uns et l'indulgence pour les autres, elle y perd son latin de messe. Et comme c'est la plus délirante de mes amies -quoique j'aie une belle brochette d'absurdes-, elle échafaude toujours des de succulentes théories. Ici une liaison entre Ratzi, homosexuel nazi reconverti, et Williamson, négationniste et bel homme. Ce serait la seule raison de tant de bégninité... Quand elle a commencé à me dire que Benoît nous cachait sa vraie nature, j'ai cru qu'elle allait développer l'idée -simplette, je l'admets- que c'était une taupe rouge infiltrée dans l'Eglise catholique. Que cela expliquerait d'ailleurs son goût inconsidéré pour les bonnets style Père Noël, rouge et fourré, et tous les ornements papaux. "Papaux", après "enchifrenée" et "bégninité", il y a des jours fastes. Vendredi 13 commence bien. Je retourne au lit. A +.

mercredi 11 mars 2009

Allo Charlie Tango ?



Effarante journée consacrée à me re-connecter à internet. Dans une pulsion très adulte qui consiste à se débarrasser de la ligne fixe Orange qui coûte une fortune pour n'accueillir que les vendeurs de double-vitrage basés de Dakar à Rabat qui se font appeler Patrick, bref, je vire la ligne officielle et passe dans la clandestinité. Sauf que rien n'est facile. Donc on va vous changer le modem et puis pour le même prix, on va vous mettre 100 chaînes de télévision... mais je ne regarde que Dr House! Oui, mais sans la télé, c'est plus cher. OK, va pour la télé, je vais me vautrer dans la connerie câblée. Bien sûr, j'étais censée faire tout ça avec mes petites mains. Si, si, c'est facile ! Comme je n'ai aucune honte, j'ai demandé le passage d'un technicien. Oui, ça va me coûter un bras. Oui mais c'est mon argent, voyez-vous. Qu'il me serve au moins à ce petit luxe. Trois jours plus tard, je crois que tout est en place. Le technicien y a passé sa journée tellement c'était facile. Je le sentais prêt à tuer un collègue de Numéricable et, à défaut, il a shooté dans sa boite à outils, cela m'a consolée de bien des choses.
Pour l'instant, j'ai un numéro pas chrétien du tout sur liste rouge. Tentation de disparaître des écrans radars de tous les Patrick du Maghreb et d'ailleurs, à qui j'essaie de répondre le plus courtoisement possible, un peu maternelle:"Ecoutez, vous vous appelez Patrick comme moi Paquita et je ne vous en veux pas, mais pitié ! " J'ai une semaine pour décider de reprendre mon ancien numéro et je m'interroge... Je sens l'aspiration du câble, l'appel de la tranquilité le soir en rentrant du bureau et pendant les week-ends. Non, je ne suis pas intéressée non plus par une cuisine avec four multifonction et plaques à cyber-induction. Ni par des conseils pour placer mon argent. Parfois, se perdent sur mon fixe quelques amis oubliés, quelques cousins éloignés, mais j'ai même réussi à fusiller le répondeur intégré, histoire de ne pas rappeler. Etre connectée, oui, mais pas à n'importe qui, n'importe quand. C'est d'ailleurs un des plaisirs des reportages dans des endroits où rien ne passe. No news, good news.

samedi 7 mars 2009

Mode

Télescopage d'infos dans Le Monde : la journée de la Femme et les défilés. Sans parler de ce Quiz du cerveau, sur TF1, présenté par deux génies, Castaldi et une autre malheureuse en attente de greffe de neurones. Cherchez l'erreur. Les erreurs. Dans Madame Figaro Spécial Mode, des photos de gamines élevées sans doute dans des tunnels désaffectés du métro parisien. Toutes pâles, elles font la gueule avec de gros cernes et un regard de chouette-hulotte prise dans des phares. Les cuisses creuses et les pieds en dedans. Cela me rappelle un épisode des Simpson : Homer regardait son assiette et appelait "Ouhouh, le goût ?" Là, c'est "Ouhouh, les femmes ?" Non, pas "Où sont les femmes ?" de Patrick Juvet. Cela serait nul s'il y avait plus de féminité dans son décolleté à paillettes que sur les podiums, non ?

vendredi 6 mars 2009

Inde ou Indre


Petit retour sur l'Inde avec Slumdog Millionaire, une vraie merveille, d'autant plus inattendue qu'elle se base sur un jeu popularisé en France par Jean-Pierre Foucault, sa frange en accroche-cœur et son sourire de ravi de la crèche. Il semble que les Indiens soient très ambivalents à l'égard de ce film, ce que je peux comprendre si j'en juge par la réaction de mon banquier, joli jeune homme propret qui ne jure que par Londres. Il en avait encore quelques frissons horrifiés et me regardait avec l'air de celui qui découvre une personnalité peu recommandable sous le vernis propret lui aussi. Oui, j'aime l'Inde. Oui, dès que j'en ai l'occasion, j'y vais. J'ai adoré cette histoire de gamins débrouillards comme on en croise là-bas, entre vraie misère et envies de rire, poursuivis par une police armée de bâton mais ne résistant pas à la tentation de faire des farces et des grimaces. Mais c'est une histoire, pas un documentaire. On est au cinéma pas sur Arte. L'Inde ne se réume pas à des policiers qui passent les adolescents à la gègène, à des mafieux qui mutilent les enfants car "un chanteur aveugle rapporte deux fois plus d'argent" et à des plongeons dans d'indescriptibles latrines. Pas plus qu'elle ne se résume à ce ballet magnifique sur le quai de Victoria Station à Mumbai. Donc c'est une histoire, d'amour, de fraternité, d'apprentissage qui se tisse joliment autour des questions à Who Wants to be a Millionaire ? avec ce qu'il faut de bruit et de fureur dans les embouteillages hors normes de ce pays, avec les rickshaws où s'agglutine une dizaine de personnes, les camions ornés de colliers de fleurs souillées de gaz d'échappement, les figures de Ganesh collées sur les tableaux de bord, les mobylettes qui pétaradent, les nids de poule grands comme des marmites et les klaxons qui ne se taisent jamais. Epuisant. Et pourtant ce pays-là, malgré son inextricable bordel a une presse formidable qui dit plus et mieux que n'importe lequel de nos quotidiens. A chaque fois, je suis sûre d'y découvrir un article que j'aurais aimé avoir la permission d'écrire. Un sujet dont on ne m'aurait pas dit "c'est trop". Trop compliqué, trop intello, trop dérangeant... Paquita, t'es chiante !

dimanche 1 mars 2009

Voir Pirou-Plage...


... et grelotter des rotules ! La province existe, je l'ai rencontrée et que l'on ne me gave pas avec des euphémismes stupides genre "région". "Notre envoyé en région", "la météo en région", comme si "province" était un gros mot, une insulte basse. Après les handicapés, les non-voyants, les mal-voyants, les déficients visuellement , voici les déficients du parisianisme, les handicapés de la capitale, les non-Parisiens. Donc promenade en province, provinciale malgré ses tentatives pour faire citadine. On assiste donc à une floraison de médiathèques avec plein de bidules interactifs et de festivals : Cromorne et Chou-farci, Bugnes et Flûte à bec, Cidre et Varlope... en souvenir du formidable Moutarde et Cinéma du film de Les Nuls ! Et ça marche. J'en ai croisé, du pays de Nohant à celui de la Brenne, des bords du Cher à ceux du Loir sans oublier les capitales du poireau, Pirou, dans la Manche et de la carotte, Créances, avec rond-point orgueilleux décoré d'un poireau grand comme un arbre du voyageur ! On suit les pas de George Sand, femme politique et Mamy-confiture, et on repart ravi avec le livre des meilleures recettes de gelée de gratte-cul. Oui la terrible Aurore avait le verbe cru, un rien hussard à moustache, mais vous pouvez préférer le terme cynorhodon...

samedi 28 février 2009

Douce France



Balade dans la France plutôt profonde à la poursuite de la chambre d'hôtes idéale. Entre Orléans et Vendôme, grande boucle au sud de Châteauroux, non loin de l'Allier et de la Creuse, et rencontre de quelques Français qui ont un jour décidé de changer de vie. Ce qui est assez fascinant. Il y a Maria, ancienne cadre sup dans une multinationale, très bien payée, mais qui ne voyait ses deux enfants qu'endormis, tôt le matin et tard le soir. Un jour, elle et son mari ont trouvé qu'ils passaient très certainement à côté de quelque chose et ils ont quitté Paris, le salaire coquet et la sécurité. Depuis, elle est là à la sortie des classes et s'occupe de recevoir des hôtes dans sa jolie maison Art déco avec talent et enthousiasme. Un jour, son petit garçon lui a soufflé gentiment : "Tu sais, avant, on vous connaissait pas beaucoup, Papa et toi". No comment.

vendredi 20 février 2009

Esculape, me voilà !

Les médecins ont une curieuse (fâcheuse) tendance à prendre leurs malades (patients, clients) pour des délinquants et/ou des débiles. Et d'une certaine manière, cela m'amuse beaucoup. Jusqu'à un certain point car il m'est arrivée de perdre un peu de cette zenitude boddhisattvesque qui est une de mes postures favorites. Certains s'aiment intraitables, avec un caractère de chien, moi j'ai une faiblesse pour cette image über-cool conquise de haute lutte le long d'une existence...etc Bref, le jour où ce crétin d'homéopathe mollement tripoteur m'a dit, en réponse à mes interroragtions sur une abominable fatigue qui ne cessait jamais :"Mettez un peu d'ordre dans votre crâne et cela ira mieux", alors que, je l'ai appris plus tard, je souffrais d'une apnée du sommeil qui me réveillait toutes les 3mn, j'ai failli retourner le voir et lui mettre deux claques pour tant d'arrogance pseudo-psy. Donc, le dernier en date va s'occuper d'essayer de me faire perdre 5kg et plus si affinités. Il m'a parlé pendant une heure de ce qu'il allait faire, et surtout moi, sur le ton didactique que l'on réserve aux délicieuses idiotes qui se goinfrent de pâtisseries, de sodas et autre horreurs diététiques. Pourtant je lui avais expliqué mon parcours d'experte en oméga 3, fruits, légumes et céréales bio, viande blanche et poissons gras, spiruline et curcuma... Tant pis ! Mais c'était assez gentil et il essayait vraiment de prendre en considération mon mode de vie, mes déplacements, mes décalages horaires et tout ce qui fait que mon cas est proche du désespéré ! Qui vivra verra, sauf les aveugles qui vivront sans verront, comme disait Desproges.

mercredi 18 février 2009

Faits div'

Il y a deux ou trois ans, les journaux racontaient l'histoire invraisembable d'une famille d'Orléans ou de Tours, une ville paisible des bords de Loire, où les enfants, scolarisés, vivaient, plus ou moins nus, dans l'appartement familial, avec les chiens et les détritus. Pas de lit, pas de cuisine, ni de toilettes, un retour à la caverne si ce n'est, trônant au milieu des cartons éventrés, des boites de conserve et des crottes de chiens, et plus si affinités, un sublimissime écran plat, dernier cri de la technologie qui avait dû engouffrer toutes les allocs de l'année plus le RMI. A l'époque, j'avais trouvé dans ce détail un raccourci saisissant de notre société et aujourd'hui, alors que le pouvoir d'achat est au centre des préoccupations et que je reviens d'Inde, ce fait divers me revient en mémoire. Là-bas, j'ai lu la maxime suivante : High thinking and low living is the ultimate goal of human life, ou quelque chose de ce genre. Nous avons fini par tout faire à l'envers, nous complaire dans une effarante nullité intellectuelle et humaine et nous gaver de biens de consommation. Quoi de plus consternant qu'une soirée devant une émission de Delarue, Dechavane, Sébastien, Cauet et tant d'autres, sur un écran plasma dont la résolution parfaite nous permet de plonger dans le vide sidéral de leur regard fat ? Et le pire est que, si nous n'avons pas ce fameux écran plat, nous avons l'impression d'être les laissés pour compte de la "civilisation".

dimanche 15 février 2009

Baby-boomers


Comme d'habitude, je les retrouve devant le tapis roulant qui livre les bagages. Ils ont toujours le même air rigolard, le bronzage qui fait l'œil de chouette, le bout du nez qui pêle et la plaisanterie facile. Ils reviennent toujours de Bangkok avec une ou deux escales improbables car leur TO (tour opérateur) a des accords avec Sri Lankan Airways ou Turkmène-mon-amour.com. Ce sont les derniers (et peut-être les seuls) profiteurs du système, les joyeux retraités de la Fonction Publique qui "font" la Casamance, Phuket, Maurice et Machu Picchu entre potes. Tandis que je scrute l'ouverture béante censée me vomir ma valise, ils s'envoient des vannes "Ouaaah, la tête de Jocelyne quand Robert et Manu ont mis un caméléon dans sa pina colada ! Pas vrai, Joss ?- Ben dis donc, tu t'es pas vu gerber tes criquets en gelée, hein ?". Ils sont en Birkenstock ou en baskets, portent des lunettes Varilux d'Essilor qui leur font de gros yeux de batraciens, un gilet en polaire et un petit sac à dos. Ce sont des baroudeurs. Leurs modèles sont les héros de Koh Lanta et les femmes se reconnaissent aussi à leur nuque rase pour ne pas donner prise aux tarentules. "Bon, on s'rappelle avant la prochaine expé ?". Bisous.