mardi 13 janvier 2009

Pourquoi moi ?


Donc, interrogation métaphysique sur les causes de cette crise de foie : serait-ce parce qu'en sortant d'un cours de yoga, je n'ai rien trouvé de mieux que de me nourrir exclusivement de gâteau au chocolat et de quatre-quart (non, il n'y avait plus de tarte aux herbes à la cantine) ? Ou parce que le yoga m'a rappelé des heures sombres, quand un psy m'avait expliqué que mon psychè ressemblait à une sorte de hangar ouvert à tous les vents où voletaient papiers gras et oiseaux (de mauvais augure of course), un décor à la John Woo avec des bruits d'ailes et de bourrasque. Bref, girl, il faut vous recentrer et pour ça, c'est la prière ou le yoga. Je n'étais pas d'humeur priante et, entre la position à genoux et celle du lotus, j'optai pour l'exotisme. Normal. Cela a duré un an environ. Une année que je ne souhaite pas revivre mais dont le yoga a été l'élément positif. J'ai appris tant bien que mal à me concentrer, à flinguer tous les corbeaux et corneilles qui passaient par mon crâne, à fermer quelques écoutilles (j'adore les métaphore qui filent de travers) et je me suis essayée à méditer. Malheureusement, ma vie quotidienne n'était pas compatible avec ma nouvelle pratique et, un jour que je faisais face à l'océan, le front enfin serein et les paumes vers le ciel, dans une tentative de me fondre dans le grand tout, une voix m'apostropha, qui n'était pas celle de Siddhartha : "Alors ? On médite ?" Plonk ! Avec un fracas de plaque d'égout qui tombe sur le macadam, j'atterrissai. Plutôt je m'écrasai au sol. OK, j'étais sur une plage de sable fin et cela ne fait pas ce bruit-là mais moralement c'était ça. Pulvérisé l'envol ! Fin de l'aventure. Il faut dire aussi que j'avais commencé une psychanalyse formidable et que je ne pouvais tout faire...
Bref, quelques années plus tard, je me rends pour la première fois de ma vie, en Inde, sur les contreforts de l'Himalaya pour un séjour dans un spa ayurvédique. Le bonheur pur dans un site magnifique. Il n'était pas question de faire une véritable cure mais le peu que nous (il s'agissait d'un voyage de presse) testions était fascinant. Pour nous gâter, le directeur du spa, un Britannique déjanté à la John Cleese, avait fait venir un grand gourou (avec Winnie l'Ourson, il y en a un aussi, et un petit, je crois, mais ce n'est pas le même), un grand mec pâle, plus ou moins Californien mâtiné de Letton, enfin, je n'en sais rien, qui glosait à l'infini sur l'avance impossible à rattrapper qu'il avait sur nous, pauvres blattes de journalistes accrochées aux biens de ce monde comme un bousier à sa bouse. Cela commençait rugueux pour nos egos mais pourquoi pas s'il était vraiment assis à la droite du Grand Véhicule ? Il faisait un temps divin, la chaîne himalayenne était à portée de regard et j'étais prête à tout. Non, pas tout ! Drapé de blanc, il allait de groupe en groupe, penchant sa haute stature vers certaines, chuchotant de mystérieuses injonctions qui déclenchaient de petites extases à la Thérèse d'Avila. Mon tour arriva et il me glissa que lorsqu'on avait une tronche pleine de purée, et encore, une purée avec des grumeaux, il valait mieux oublier le yoga et toute spiritualité. Plonk ! Crash de Sainte Thérèse qui se retrouve au sol, l'air stupide dans son kurta pajama blanc. Bannie de la cour des purs (comme Jonathan Livingston, le goéland). Jetée du Grand Véhicule en pleine vitesse. Du coup, pour oublier cette humiliation, je mets la photo d'une fille qui fait un truc incroyable avec ses jambes, pour laisser planer le doute que, moi aussi, je peux le faire...

2 commentaires:

Cécile a dit…

Ce laiteux gourou letton ne valait pas un clou.
Déjà, aider son prochain dans un spa deluxe dans l'Himalaya, ce n'est pas comme l'aider dans la bande de Gaza.
Ensuite, une personne vraiment gentille (donc, je pense, élevée spritituellement?) ne vous ferait sentir comme une vieille chaussette moisie.
Enfin, c'est ce que j'imagine...
Il ne suffit pas de s'habiller en blanc pour être quelqu'un de bien... :)

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec Cécile. Ce gourou est un quiche Paquita.
c'est Patagon