vendredi 2 janvier 2009

2009


La vie reprend doucement. Ce matin, douze minutes d'attente sur le quai du RER. Des familles de touristes avec enfants sont déjà dehors, dans le matin glacé, se demandant ce qu'il y a à faire dans une ville qui digère ses monstrueuses agapes, au chaud sous la couette. Un père qui , visiblement, a son fils pour la journée, minute l'emploi du temps pour se rassurer : "alors il est 10h 43, une heure de jeu, puis on retrouve tante Carole, on déjeune avec elle et ensuite, je te laisse..." Un couple d'homosexuels se parle à voix basse dans le fracas des roues. Comment je sais que c'est un couple et pas juste deux copains ? Ce que l'on appelle délicatement, leur espace interpersonnel, celui que déterminent la latitude et l'intimité. Leurs têtes se penchent l'une vers l'autre, s'effleurent presque, alors que ce sont des Nordiques, Allemands ou Scandinaves, c'est à dire pas exactement les rois du collé-serré. Bon, les lunettes de l'un, à la Viktor & Rolf, est une bonne indication aussi, ainsi que leur ressemblance. Leur teint de roux pâle, la même carrure athlétique et la même taille de barbe. Certains couples hétéros finissent aussi par se ressembler. Au changement aux Halles, trois Africaines au front ceint de foulards islamiques, trois chacune pour être sûres que l'on n'aperçoive pas un seul cheveu dans un baillement d'étoffe. Cela m'agace prodigieusement car je me dis qu'il y a deux ou trois ans, elles étaient peut-être comme cette gamine moulée dans un jean stretch violet vif, trop ronde selon nos canons modeux, mais heureuse de vivre sans aucun doute. Deux femmes se parlent avec gêne, elles se ressemblent, c'est la mère et la fille, à la recherche d'une conversation neutre qui ne soit pas affligeante de banalité quand même. Non, pas la météo, pitié ! Arrivée boulevard Haussmann, un début de foule est là, autour des grands magasins. C'est peut-être le jour des échanges des cadeaux ratés, des mauvaises tailles de pull ou des disques que l'on a déjà. Pour ce que l'on déteste, il parait que tout est déjà sur E-bay, ce que je trouve sordide. Le côté pratique même de la chose me contrarie : les relations amoureuses, familiales et sociales ne sont pas pratiques, elles sont complexes, faites de ces riens impalpables, de ce funambulisme permanent sur fil d'araignée qui fait la différence entre les brutes épaisses et les autres. Il ne s'agit pas d'éviter à coup sûr frictions et gaffes mais d'essayer. De faire de son mieux. Et parfois, on y parvient : la maille d'invisible soie se tricote alors avec grâce et nous fait chaud.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Paquita, pour pousser le bouchon de votre texte plus loin, sachez que selon mon spy (mot crypté) il y a deux types de cadeaux : les empathiques (on pense qu'ils feront plaisir) et les égocentriques (c'est à nous qu'ils feraient plaisir); cela dit la solution serait peut-être de vendre ses propres parents, oncles ou tantes sur eBay...
Bien à vous
L'homme de la pampa patagone

Paquita Shalimar a dit…

O maitre spy de la pampa, cette idée demande que l'on y réfléchisse ein klein chouïa. J'ai, dans des provinces lointaines ou pas, de quoi me faire un peu de sous, ce qui tombe à pic alors que j'apprends, et je vous en fais part, que le Livret A devrait être autour de 0,5% l'été prochain. Le meilleur placement serait donc sous le matelas ? Et les oncles et tantes aussi ? Aaaargh !

Anonyme a dit…

je suis preneur de l'adresse pour les vendre.
oules donner tiens !

Anonyme a dit…

juste au moment où je comptais bien me débarasser des miens, et je me demandais comment faire...Quelle sale histoire tout de même que de naître dans une famille qu'on n'a pas choisie..Et qu'est ce qu'on a fait au bon dieu pour qu'il nous oblige à la fréquentation à vie d'une pareille engence, alors qu'il parait qu'il y a sur terre des tas de gens vraiment gentils et pleins de vertus comme de la loyauté, de l'honneur, de l'honnêteté, de l'intégrité, de la sincérité, de l'authenticité, de la générosité, du coeur...mais diable, où sont ils tous ?