vendredi 6 mars 2009

Inde ou Indre


Petit retour sur l'Inde avec Slumdog Millionaire, une vraie merveille, d'autant plus inattendue qu'elle se base sur un jeu popularisé en France par Jean-Pierre Foucault, sa frange en accroche-cœur et son sourire de ravi de la crèche. Il semble que les Indiens soient très ambivalents à l'égard de ce film, ce que je peux comprendre si j'en juge par la réaction de mon banquier, joli jeune homme propret qui ne jure que par Londres. Il en avait encore quelques frissons horrifiés et me regardait avec l'air de celui qui découvre une personnalité peu recommandable sous le vernis propret lui aussi. Oui, j'aime l'Inde. Oui, dès que j'en ai l'occasion, j'y vais. J'ai adoré cette histoire de gamins débrouillards comme on en croise là-bas, entre vraie misère et envies de rire, poursuivis par une police armée de bâton mais ne résistant pas à la tentation de faire des farces et des grimaces. Mais c'est une histoire, pas un documentaire. On est au cinéma pas sur Arte. L'Inde ne se réume pas à des policiers qui passent les adolescents à la gègène, à des mafieux qui mutilent les enfants car "un chanteur aveugle rapporte deux fois plus d'argent" et à des plongeons dans d'indescriptibles latrines. Pas plus qu'elle ne se résume à ce ballet magnifique sur le quai de Victoria Station à Mumbai. Donc c'est une histoire, d'amour, de fraternité, d'apprentissage qui se tisse joliment autour des questions à Who Wants to be a Millionaire ? avec ce qu'il faut de bruit et de fureur dans les embouteillages hors normes de ce pays, avec les rickshaws où s'agglutine une dizaine de personnes, les camions ornés de colliers de fleurs souillées de gaz d'échappement, les figures de Ganesh collées sur les tableaux de bord, les mobylettes qui pétaradent, les nids de poule grands comme des marmites et les klaxons qui ne se taisent jamais. Epuisant. Et pourtant ce pays-là, malgré son inextricable bordel a une presse formidable qui dit plus et mieux que n'importe lequel de nos quotidiens. A chaque fois, je suis sûre d'y découvrir un article que j'aurais aimé avoir la permission d'écrire. Un sujet dont on ne m'aurait pas dit "c'est trop". Trop compliqué, trop intello, trop dérangeant... Paquita, t'es chiante !

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