samedi 20 décembre 2008

T'as voulu voir Gisors...


...ou l'aventure est au coin du Vexin ! Balade tout à fait exotique et charmante dans les environs de Paris pour dénicher des chambres d'hôtes de charme. J'adore cette dénomination "de charme" qui veut dire que cela doit ressembler à un reportage dans un magazine de déco : bois lavé, flotté, béton ciré, mur chaulé, Louis XVI tendance gustavienne, un petit bouquet de fleurs pâles aux pétales abondants et chiffonnés, genre rose ancienne, un boutis peut-être. Des bottes de caoutchouc et un vieux chapeau achèveront la touche romantico-Côté-Ouest. On ira même jusqu'au haveneau si on est au bord de la mer, la vraie, pas la Méditerranée. Bref, départ pour, en vrac, Dreux, Chartres, Nogent-le-Rotrou, Chateaudun, Alençon et découverte d'endroits où l'on s'imagine sans peine passer un week-end, à deux, ou avec des enfants. En vedette, le Perche, un enchantement tant cette région est sauvegardée, protégée de ces verrues de béton que sont les petits lotissements minables sortis tout droit d'une boite de Playmobil. Ou de l'imagination à marée basse d'urbanistes plus affairistes que talentueux. Ici la campagne n'est pas mitée, les prés suivent collines et vallons jusqu'à des villages exquis aux toîts de tuiles anciennes. Il y a des troupeaux à l'ombre des arbres et au creux des haies, des chevaux, percherons ou pas, des églises qui carillonnent et des vrais marchés. Et encore, j'y étais au pire moment de l'année, fin décembre, quand les arbres sont nus et les seules fleurs, des achillées desséchées. Donc bonheur, dans le pré bien sûr, et retour programmé après trois jours de balade, à partir de Gisors. un petit Gisors-Paris-St-Lazare, gare presque fictive qui ne dessert plus que la banlieue. Banlieue, c'est ça, j'étais à des années-lumière de la foule du boulevard Haussmann avant Noël mais ce n'était finalement que la banlieue, magique non ? Sauf que tous les trains pour Paris étaient supprimés. Mouvement social pour cause de "cadencement" et "merci de votre compréhension". Ma compréhension ? Mais certainement pas ! Je veux rentrer. C'est où Paris ? Il est 5h, la nuit est déjà tombée et une petite bruine glace Gisors et les guirlandes tremblotantes sur la place de la gare. Non je ne veux pas dormir à l'hôtel Moderne en attendant la fin de la grève. Je déteste les grévistes et Gisors dont je ne connaitrai que la panneau d'affichage des trains supprimés. Soixante euros de taxi plus tard, je parvenais à Cergy-Pontoise où beaucoup de RER de la ligne A étaient supprimés aussi, pour une raison inconnue, mais "merci de votre compréhension". Course après le distributeur de billets en état de marche sur un parvis balayé par les vents et les voitures de police, bagarre pour ne pas être écrasée moi et ma valise à partir de Nanterre-Préfecture mais finalement Paris au bout du tunnel. En tout rien de grave, surtout une fois, par hasard, en passant par le Vexin, mais un spleen intolérable devenant un vrai enfer au quotidien : "Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris..."

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