mardi 8 septembre 2009

Jesusa Puma

Je ne sais pas pourquoi j'y pense, mais, parmi les rencontres faites au cours de mes reportages, une des plus jolies a été celle d'une Quechua assise au bord d'un chemin en train de broder. Oui, je sais, c'est la deuxième fois que j'écris sur la broderie; demain, promis, je parle de confitures... Elle avait ces jupons superposés des femmes au Pérou qui se balancent comme des tutus de petits rats de l'Opéra lorsqu'elles marchent, et qui, dans cette position, étaient curieusement bouffants, révélant encore plus de jupons multicolores. Elle ressemblait à une vieille petite fille, installée ainsi sur le sol, les jambes allongées devant elle comme aucun adulte ne tient plus de deux secondes et comme les enfants restent des heures à jouer. Impossible de deviner son âge tant le vent des Andes et le soleil avaient tanné la peau de son visage. En fait, elle était sans doute plus jeune que moi... Emerveillée par son habileté au crochet, je m'arrêtais pendant que mon photographe, totalement conquis lui aussi, la prenait en photo. Je lui parlai espagnol, langue qu'elle ne devait employer que rarement, mais je parvins à lui acheter un beau ruban brodé de perles et lui demander son nom. Elle s'appelait : Jesusa Puma. Je ne crois pas avoir jamais entendu de nom plus extraordinaire que celui-ci, Jesusa Puma, et, de sa petite voix flûtée, elle me dit alors :"Gracias Mamacita !"J'ai gardé le ruban qui ne me sert à rien d'autre qu'à me rejouer la scène et réentendre la petite voix : Gracias Mamacita !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour granmacita!