dimanche 19 octobre 2008

Nautile de papier


Dans un livre que j’ai déjà évoqué, Gift from the Sea d’Ann Lindbergh, la vie des femmes est comparée à une collection de coquillages ramassés sur les plages de Sanibel, curieux archipel de mangrove dont on ne sait plus si c'est de la terre ou de l’eau. Des labyrinthes de palétuviers où nichent les oiseaux et se cachent les lamantins, horizons incertains dont je ne saurais dire s’ils sont beaux ou si c’est leur création-même qui leur confère cette magie particulière. Il suffit d’une graine à la racine flottante qui s’accroche à un haut fond ou peut-être à la nageoire d’un dauphin pour qu’un monde naisse, pour que les cormorans viennent, au soleil du soir, sécher leur ailes comme de grands parapluies noirs, pour que les spatules roses et les hérons nous ravissent de leur grâce infinie. C’est un monde de l’aube des temps côté Floride, une lagune saumâtre avec ses crocodiles endormis et, côté golfe du Mexique, des plages de sable immaculé, crissant comme du sucre glace, des îles plates au fil de l'eau, dont les seuls reliefs sont les tumulus de coquillages des Indiens Calusa. Ann Lindbergh y décrit sa solitude tranquille face à la mer, son retour sur elle et je la vois dans cette lumière de petit matin, jaillie d’un tableau d’Andrew Wyeth, cette belle femme qui se penche pour cueillir ces coquilles que les vagues déposent. Aujourd’hui, je suis comme la coquille d’huître qui s’est élargie et bossuée pour accueillir des enfants, qui en a repoussé les murs pour qu’ils grandissent à leur tour, et qui se retrouve une peu perdue dans une coquille d’où ils sont partis. J’aimerais, comme elle, trouver la sagesse de devenir ce miraculeux argonaute, ce « nautile de papier » transparent à force de finesse et de blancheur qui doit son nom au navire de Jason parti sur des mers inconnues chercher le Toison d’Or. Et quelle Toison d’Or ?
Le monde est ainsi fait que si je cherche les traductions de Moonshell ou de Double-sunrise, les états précédant le Paper Nautilus, je ne trouve que des sites Nintendo et ces noms pleins de poésie sont ceux de logiciels de jeux, d'esthétique manga. Paquita, redescend sur terre et va te prendre un Double-Sunrice tequila au bar de Randy Wayne White! Ou un Seabreeze

7 commentaires:

Anonyme a dit…

bon sang ! Tu sais (?)combien j'aime ces "merveilles", mais cette merveille est le squelette de l'animal! un état que je te/nous souhaite le plus tardif possible....su

Paquita Shalimar a dit…

En fait, le locataire de cette nef vit sa vie de son côté, elle quitte cette enveloppe fragile et se laisse flotter au fil de l'eau à la recherche d'on ne sait quoi. La Toison d'Or peut-être et ce n'est pas une allusion obscène, chère anonyme !

Anonyme a dit…

je me suis réveillée ce matin avec cette idée qui m'a amusée : ce n'est pas un squelette, précisémént, mais un hexosquelette . Une carapace fabriquée au fur et à mesure des besoins et de la croissance, et que l'on peut effectivement quitter à volonté, et retrouver en cas de besoin. Carapace-refuge dont je ne suis pas sûre qu'elle soit si exogène..bisous gluants hihiih su

Anonyme a dit…

http://news.caradisiac.com/Land-Walker-robot-pour-adultes
d'autres pistes?

pépette a dit…

http://news.caradisiac.com/Avez-vous-deja-vu-un-robot-bourre-302

Anonyme a dit…

merveilleux texte sur les palétuviers, ann lindbergh, la toison d'or et les nautiles de papier . Un petit poême en prose comme on les aime chère paquita rimbaud..en attendant mon nautile à moi s'appelle Paris et j'irais pas l'échanger contre un empire, une toison d'or, et du sable de sucre glacé... signé Berthe

Paquita Shalimar a dit…

Berthe, quel bonheur de te découvrir, toussante et crachotante au détour d'un lamantin ! Merci pour cette bonne surprise qui prouve que tu as su trouver ton chemin dans le cyber-espace.