mercredi 23 juillet 2008

Hi Wilhelmina !


Hier, pour dépanner une secrétaire de rédaction, j'ai dû appeler Vigo, en Galice, et vérifier un papier dans mon plus bel espagnol. Depuis mon ego ronronne d'aise. A chacun sa citadelle à prendre. Son dépassement. J'ai fait une vague tentative de «vous parlez français ou anglais ?», en castillan semi-parfait, mais il est difficile de se planter en trois mots. Et la conversation a démarré après son assurance que «non,non» elle ne parlait rien de tout ça mais que je débrouillais formidablement bien. Rires.
L'une des pires frustrations pour moi est d'aller dans un pays dont je ne connais pas la langue. Et ils sont nombreux ! Heureusement, l'anglais se massacre plus ou moins sous toutes les latitudes et la communication directe se fait malgré l'excentricité de certains accents. Jusqu'ici, seuls la Turquie, la Chine et le Japon sont restés hermétiques à mes tentatives de séduction linguistique, à mes envies de partager un rire ou une confidence. Je me souviens de cette Hollandaise aux cheveux rouges, rencontrée au pied du Rainbow Bridge, dans l'Utah. Avec ses copines, elle faisait du trekking à la recherche de l'ancien Glen Canyon, inondé pour cause de barrage. J'attendais mon photographe qui avait disparu au delà de l'arche parfaite, alors qu'il était recommandé de ne pas le franchir car c'était un lieu hautement symbolique pour les Navajos. Wilhelmina fit quelques pas avec moi et me raconta comment elle était venue à la fin des années 60 avec son sac à dos et sa guitare, sur les traces d'on-ne-sait-qui. Kerouac peut-être ou Dennis Hopper. Là, au bord du gouffre, elle avait croisé le regard de celui qu'elle allait épouser le lendemain, avec qui elle vivrait d'amour et d'air pur pendant vingt-huit ans, jusqu'à ce qu'il meurt d'un cancer, et dont elle avait eu trois ou quatre enfants. En cinq minutes, nous nous étions reconnues. Nous savions que nous étions de la même espèce et que nous avions élevé nos enfants pareil, avec les mêmes idéaux, totalement déplacés dans la société actuelle.

2 commentaires:

Cécile a dit…

C'est une jolie histoire. Elle l'a vraiment rencontré 24h avant de l'épouser?

Paquita Shalimar a dit…

Oui, elle a appelé sa mère à Amsterdam et lui a dit "Maman, je me marie". Ils vécurent heureux et eurent beaucoup (3 ou 4) enfants. C'est mignon, non ?