jeudi 8 octobre 2009

Tristes comiques


Parmi les poncifs préférés chez les acteurs, il y a le mythe de Molière si-désespéré-sous-le-rire- factice-du-clown. D'ailleurs j'exècre les clowns.Quand j'étais petite ils me terrorisaient et depuis, ils m'horripilent avec leur prétention à appréhender le désespoir inhérent à la condition humaine et son absurdité. Vous savez les comiques, en fait, ils sont tristes. Et les clowns sont nos plus grands philosophes. Quoi de plus magnifiquement grinçant que Michel Serrault dans La Cage aux Folles ? De plus poignant que Dany Boon, le postier amoureux d'une fleur, dans Bienvenu chez les Ch'tis ? Aaah le rire du "petit" écrasé par le destin, le grand capital, l'autobus !
Ce sont les affiches d'un film sur les colonnes Morris qui ont déclenché ma ire : Rose et Noir, de et avec Gérard Jugnot. Il est là en barboteuse louis-quatorzième, le maquillage blanc avec deux confetti roses sur les joues et son merveilleux regard lourd de cocker maudit sous le khôl de l'artiste pour qui the show must go on. Peut-être se meurt-il ? Peut-être est-il cocu ? Peut-être les deux à la fois, sans parler de son basset artésien qui perd ses poils, de son marcel qui gratte et de la propriétaire qui réclame ses sous... Mais on s'en fout ! Qu'il meurt sur scène s'il trouve ça beau et intéressant. Ce n'est pas parce que, de Molière, on a pris la mort et les cornes que l'on a le talent. Le plus terrible est que rares sont les comiques qui ne se croient pas obligés de faire ce détour par la case "Je souffre donc je suis" et "j'ai un cœur gros-comme-ça" à réserver en priorité aux émissions de Patrick Sébastien, le chantre de l'échangisme métaphysique sous le rire du gras-qui-tache. Et tellement généreux avec ça ! Beurk !

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